Réagissez !

lundi 26 février 2024

Une tactique ?

La France est dotée d’un Exécutif bicéphale, le Président de la République et le Premier Ministre et son gouvernement, chacun d’eux installés démocratiquement dans leurs responsabilités. Le Chef de l’Etat est élu directement par les citoyens. Le Premier Ministre est nommé en fonction de la répartition des sièges de députés au lendemain des élections législatives. Il s’appuiera alors sur une majorité de députés, qu’elle soit absolue ou relative.

Depuis l’instauration de la Vème République on a toujours constaté le rôle de « fusible » affecté au Premier Ministre. C’est celui-ci qui démissionne quelles qu’en soient les raisons, des divergences avec le Chef de l’Etat, des problèmes relationnels entre le Gouvernement et sa majorité, des réactions de l’opinion publique qui manifeste fortement son opposition à l’action du gouvernement.

La crise dans le monde agricole fait apparaître un scénario nouveau. Le Président de la République a été confronté, samedi dernier, à l’ouverture du Salon de l’Agriculture, à une hostilité à son encontre manifestée violemment. Dans le même temps, le Premier Ministre se trouvait loin de Paris, à Royan où il a, une nouvelle fois, fait preuve de la démagogie qui semble être sa méthode de gouvernement. Il s’est en effet invité à un loto organisé par des enseignants pour un enfant handicapé. La cause était noble mais à qui fera-t-on croire que c’est le hasard qui a fait passer Monsieur ATTAL à cet endroit-là et à ce moment-là. Le lendemain, il procédait à une « visite surprise » au Salon de l’Agriculture. La différence d’accueil était flagrante.

Il semblerait donc que dans le nouveau couple exécutif, c’est le Président de la République qui se fait malmener, siffler et huer même, et le Premier Ministre qui bénéficie d’une bonne image.

Forcément, on s’interroge. Est-ce une tactique macronienne pour mettre en « orbite présidentielle » le successeur ? Pour y parvenir, il faut lui éviter les problèmes pour ne pas ternir son image. Le Président sortant en 2027 qui ne pourra pas être candidat se sacrifie-t-il pour faciliter l’éventuelle élection de son « poulain » ?

Difficile à imaginer quand on se réfère à la suffisance dont fait régulièrement preuve l’actuel locataire de l’Elysée. On le voit mal écorner le pouvoir absolu dont il fait preuve en se mêlant de tout et persuadé de détenir la vérité. Monsieur ATTAL ferait bien de se méfier et de ne pas trop en faire. Cela risque de déplaire à Jupiter. Il va devoir assumer avec ses ministres les 10 milliards d’économie décidés sans concertation et, une nouvelle fois, sans se soucier du Parlement, c’est-à-dire des représentants des citoyens. Les inconvénients qui en découleront dans 29 domaines entraîneront des insatisfactions et, vraisemblablement, des réactions dans l’opinion. Or, c’est bien Monsieur ATTAL qui a signé le décret modifiant le budget voté il y a deux mois. C’est bien lui encore qui envisage de durcir les règles de l’assurance chômage ce qui entraînera une baisse significative des moyens que la solidarité nationale apporte aux demandeurs d’emploi.

Un récent écho de presse nous apprenait que le salaire annuel du PDG de Peugeot s’élevait à 23,5 millions d’euros, ce qui représente 365 salaires moyens. Quand on sait pertinemment que ce n’est pas le seul cas, cherchez l’erreur. 

Les incidents qui ont marqué la visite du Chef de l’Etat au Salon de l’Agriculture, le jeu de loto du Premier Ministre sont des anecdotes sans importance en regard des problèmes politiques qui sont à résoudre pour répondre aux attentes des Français. Pour y parvenir, il faudrait une autre pratique politique que celle que nous imposent les deux principaux responsables de notre pays.