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lundi 30 juin 2025

Censure

Les observateurs de la vie politique française consacrent leurs commentaires, en ce début de semaine, au dépôt d’une motion de censure  par  les  Députés  socialistes. Les  critiques  vont  bon  train  de la part de ceux qui, à droite, (et la macronie en fait partie) voient dans cette initiative une manœuvre politicienne malvenue. Une telle approche ne tient pas compte de l’échec d’une méthode, celle choisie par le Premier Ministre qui, à son habitude, a voulu gagner du temps en proposant un « conclave » entre les partenaires sociaux. Lorsque les cardinaux catholiques se réunissent en conclave, il en sort toujours quelque chose, en l’occurrence un nouveau pape.

Force est de constater que le « conclave » à la méthode BAYROU n’a débouché sur rien. Certains participants en sont partis avant la fin et l’intransigeance du patronat a entraîné le constat d’un désaccord. A la suite de cela, on pouvait s’attendre à ce que le chef du Gouvernement respecte son engagement du 16 janvier dernier. A cette date, François BAYROU avait promis qu’un projet de loi ouvrant la voie à une réforme nouvelle du système des retraites serait déposé, ce qui permettrait au Parlement d’avoir le dernier mot.

Ce n’est malheureusement pas le premier des renoncements de ce Premier Ministre qui a fait du faux-fuyant une méthode de gouvernement. La motion de censure reste donc le dernier moyen de prendre les Françaises et les Français à témoin, qui pour 72 % d’entre eux sont hostiles à la réforme décidée sans vote du Parlement. On nous dira que la motion de censure déposée alors après le recours au 49.3 n’a pas été votée et donc que le projet de réforme a été adopté. C’est vrai, mais dans une Démocratie parlementaire comme c’est le cas de la France, le pouvoir législatif doit avoir le dernier mot.

Comme on l’a connu à l’issue du débat budgétaire au début de cette année, les Socialistes allaient-ils tenter de renverser le Gouvernement ? Une majorité peut en effet se former en rassemblant toutes les oppositions au pouvoir minoritaire de l’Exécutif. Au lendemain de son Congrès de Nancy, il y avait là une bonne opportunité pour les Socialistes de démontrer leur opposition à la droite gouvernementale et de préparer le pays à une alternance.

On nous dira que la censure ne sera pas votée puisque l’extrême-droite semble se préparer à servir de béquille au gouvernement. Si cette hypothèse devient réalité une nouvelle démonstration de la collusion entre le Rassemblement National et la droite macronienne nous sera faite. Les électrices et les électeurs issus des milieux populaires et qui votent LE PEN ou pour ses candidats députés constateront que ces gens-là préfèrent leurs intérêts électoraux plutôt que la justice sociale dont nos concitoyens ont un impérieux besoin.

La motion de censure déposée et votée par les Socialistes n’est pas une fin en soi. C’est un épiphénomène qui doit être suivi rapidement de l’élaboration et de la proposition d’un programme de gouvernement. C’est l’objectif prioritaire. 

jeudi 26 juin 2025

Election présidentielle

Dès le lendemain d’une élection présidentielle, on évoque déjà la suivante qui n’interviendra pourtant, en théorie, que 5 ans plus tard. Dans une Démocratie, c’est normal que les responsables politiques préparent les échéances électorales et, en particulier, celle du Chef de l’Etat. En effet, la Constitution de 1958 donne des pouvoirs importants au Président de la République et la pratique, le Général DE GAULLE ayant donné l’exemple, a amené ses successeurs à se positionner en initiateur de la politique du pays. Cette situation est quelque peu remise en question depuis 2022 et, plus encore depuis 2024, l’Assemblée Nationale n’ayant pas en son sein de majorité pour soutenir un gouvernement.

Cela repose le problème des pouvoirs du Parlement et, de façon connexe, du mode de désignation des députés. Sans aller jusqu’à une VIème République comme le préconisent certains qui font de la rupture leur seule ligne de conduite, il faudra assurément mettre nos institutions en cohérence avec un contexte différent de celui qui prévalait il y a 67 ans.

Pour l’heure, jour après jour, des candidatures se déclarent implicitement ou clairement. Au final, la Droite aura sûrement plusieurs candidats. Il n’est pas impossible cependant qu’elle ait la sagesse de s’accorder pour soutenir celui ou celle qui lui permettrait de revenir sur le devant de la scène politique. L’extrême-droite attend son heure, se satisfaisant de l’audience de plus en plus grande qu’elle recueille en France et ailleurs dans le monde. Cela fait peser une menace sur la Démocratie et sur les libertés qui devrait susciter des réactions beaucoup plus fortes de la part des adversaires du fascisme, de la xénophobie et du racisme. La dualité qui s’instaure au sein du RN entre deux candidats potentiels devrait contribuer à l’affaiblissement de cette idéologie néfaste.

La Gauche n’est pas en reste dans cet affichage de candidatures qui va durer encore quelques mois. L’Histoire ne se répète pas mais, dans ce cas présent, elle doit servir de base à la réflexion. En 2002, Lionel JOSPIN, bien qu’arrivé en tête des différents candidats de gauche et d’extrême-gauche (il y en avait 8) était éliminé pour le second tour, arrivant en 3ème position. Faut-il rappeler les résultats catastrophiques obtenus par les candidats socialistes en 2017 et 2022 ? N’ayons pas cette cruauté mais enjoignons aux responsables d’aujourd’hui d’en tirer toutes les leçons. 

L’équation est simple à résoudre : il faut passer le cap du 1er tour et être présent pour le second. Pour y parvenir, il est évident qu’il faut une candidature de rassemblement, acceptée par toutes les sensibilités de gauche qui ont envie de rétablir la justice sociale et de défendre la Démocratie et les libertés.

C’est donc bien à la question « qui peut être présent au second tour » qu’il convient de répondre. Des noms sont avancés, certains apportent des propositions, leur vision pour la France. Cela ne suffira pas. Il faudra y ajouter une connaissance du fonctionnement de nos institutions et une expérience de l’action politique nationale et internationale.

Un tel profil existe. La sagesse et l’esprit de responsabilité devraient permettre sa promotion.