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jeudi 5 mars 2020

Précautions et inquiétudes

On ne prendra jamais assez de précautions pour éviter la propagation de cette maladie causée par un virus mal connu contre lequel les chercheurs n’ont pas encore trouvé l’antidote.

C’est d’abord un problème de santé publique qui engendre un problème scientifique de recherche médicale. C’est aussi, et tout autant, un problème politique.

Le Président de la République et son Gouvernement ne s’y sont pas trompés et ils font en sorte que l’opinion ait le sentiment sinon la certitude que l’Exécutif fait tout ce qu’il faut. On peut le croire. On doit surtout l’espérer car il y va de la santé de chacune et de chacun d’entre nous et, par répercussion, du bon fonctionnement des activités économiques du pays.

Cela dit, et comme toujours en regard d’une action, il y a l’art et la manière. Si, je le disais, on peut considérer que l’Exécutif a bien apprécié la situation, je regrette que la manière soit inadaptée. Les Français ont besoin d’être rassurés par les responsables politiques. Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir contribuent à susciter l’inquiétude, l’angoisse même, si ce n’est pas la panique.

Réunir un Conseil des Ministres extraordinaire un samedi matin pour définir les mesures à prendre n’était pas une mauvaise initiative. Les risques de développement de l’épidémie apparaissent de plus en plus évidents en France et surtout ailleurs dans le Monde.

L’Histoire retiendra néanmoins que c’est à ce même Conseil des Ministres que le Gouvernement a été autorisé à faire usage de l’article 49.3 pour faire passer sa réforme des retraites.

Sur cette question, il n’était pas nécessaire d’agir ainsi, en catimini. Cette autorisation aurait pu être donnée à la réunion hebdomadaire du Gouvernement le mercredi précédent. C’est toujours la même méthode : aucune considération pour les citoyens et leurs représentants.

Afin de dramatiser davantage la situation, on réunit à l’Elysée un Conseil de Défense, juste avant le Gouvernement lui-même. Nous sommes donc dans un contexte de guerre, menaçante ou engagée. Le virus n’a qu’à bien se tenir.

On apprend ensuite que Monsieur MACRON annule tous ses voyages à l’étranger et qu’il est susceptible d’être transféré dans un lieu confiné.

Que ces mesures soient envisagées est en soi indispensable. Qu’elles soient affichées avec ostentation traduit une nouvelle fois, soit l’amateurisme de ceux qui nous gouvernent, soit une forme de cynisme pour occulter les réalités du contexte politique : réforme des retraites désapprouvée par plus de 60 % des Français, usage du 49.3 par près de 70 %, élections municipales vraisemblablement perdues d’avance par les macronistes.

Le coronavirus est incontestablement dangereux pour l’humanité. Il faudra cependant apporter le contrepoison à la politique de l’Exécutif : ce sera le 15 mars prochain.