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lundi 2 mars 2020

Ils ont osé !

Les observateurs étaient partagés : le Gouvernement engagerait-il ou non sa responsabilité à propos de la réforme de notre système de retraites en s’appuyant sur l’article 49, alinéa 3 de notre Constitution ?

Eh bien, ils ont osé : le Président de la République et son Gouvernement vont instaurer en force une réforme dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est mal préparée, injuste et remplie d’incertitudes.

La méthode traduit une nouvelle fois l’état d’esprit de Monsieur MACRON. Depuis trois ans, dans l’exercice des fonctions qu’il a obtenues en trahissant ceux qui lui avaient confié des responsabilités importantes, le Président de la République fait apparaître régulièrement le peu de considération qu’il a pour les Français et leurs représentants.

Car c’est bien de cela dont il s’agit d’abord : les tenants du pouvoir actuel veulent imposer un mode de société qui bafoue de plus en plus les principes fondamentaux de notre Démocratie et de notre République.

J’entends bien les arguments : on ne fait qu’appliquer une disposition constitutionnelle. C’est incontestable. Mais lorsqu’une règle est mauvaise, on a le devoir de la combattre et même de la supprimer de notre texte fondamental.

Lorsque ce dispositif a été instauré par le Général DE GAULLE, en 1958, le contexte était complètement différent. On était confronté à la guerre d’Algérie. La Quatrième République avait montré ses faiblesses. Le gaullisme bénéficiait encore de l’aura de son chef, acquise pendant la Guerre et la Résistance. Le Général DE GAULLE avait, à de nombreuses reprises, entre 1940 et 1958, exprimé son hostilité aux partis politiques et au régime parlementaire. Il voulait un pouvoir exécutif fort en instaurant un « coup d’Etat permanent » comme le dénonçait alors François MITTERRAND.

Soixante-deux ans plus tard et après qu’on l’a utilisé à 88 reprises, on demeure dans un déni de démocratie. La théorie de Montesquieu a servi de référence à la rédaction de l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en 1789 : la séparation des pouvoirs est une donnée essentielle de notre République.

Or, l’article 49, alinéa 3, confie au pouvoir exécutif le droit exorbitant de supprimer les responsabilités du pouvoir législatif et notamment l’une d’entre elles qui est de voter la loi.

Au-delà d’une réforme ni faite ni à faire et qu’une autre loi pourra toujours défaire, l’Histoire retiendra que ceux que l’on dénomme « les marcheurs » ont foulé au pied le peuple et marcher sur ses représentants.