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jeudi 24 janvier 2008

Fonction Publique

En cette journée d’action des fonctionnaires pour la défense de l’emploi et du pouvoir d’achat, le quotidien national « Le Monde » a publié une libre opinion que je lui ai adressée et que je reproduis ici.

Mauvais traitement sur fonctionnaires
A quand une véritable prise en considération de la baisse chronique du pouvoir d’achat des fonctionnaires ? (par Bernard DEROSIER, Président du Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale, Député du Nord)

« Président du pouvoir d’achat », ainsi se proclamait Nicolas Sarkozy dès son arrivée à l’Elysée.
Neuf mois plus tard, la réalité est toute autre et de très nombreux foyers subissent aujourd’hui une réelle baisse de leur pouvoir d’achat.

Pour les cinq millions de fonctionnaires, cette dégradation a été évaluée entre 6 et 7 % depuis 2002. Pourtant la question de la rémunération des agents publics est traitée avec mépris par le gouvernement. Choquantes, « les mesurettes » décidées récemment ne concernent qu’une minorité d’agents et sont sans commune mesure avec les véritables attentes des fonctionnaires pour remédier à la dégradation de leur niveau de vie.

Or, faute de revalorisation indiciaire, la diminution du pouvoir d’achat des fonctionnaires constatée devrait se poursuivre. En effet, l’augmentation de la valeur du point d’indice est la seule mesure salariale s’appliquant à toutes les catégories de fonctionnaires, qu’ils soient de l’Etat, territoriaux et hospitaliers. Cette mesure générale est indispensable. Telle n’est pas la position du gouvernement. Pour Eric WOERTH, Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, la révision du point d’indice est surtout un « symbole » et n’a qu’un poids limité dans l’évolution salariale.
Je conteste cette approche puisque le traitement indiciaire de base représente, en moyenne, 85,3 % de la rémunération des fonctionnaires.

Les agents du service public méritent plus de considération de la part de nos dirigeants. Ils sont oubliés au profit des plus fortunés à qui ont été offerts 15 milliards d’euros de cadeaux fiscaux.

Pourtant, il est indispensable que nous bénéficiions de services publics efficaces et équitablement répartis sur l’ensemble du territoire national. Nous avons besoin d’enseignants pour assurer l’éducation de nos enfants. Nous avons besoin d’infirmières dans les hôpitaux. Nous avons besoin d’ingénieurs pour édifier nos réseaux routiers. Nous avons également besoin d’agents administratifs pour traiter les dossiers d’aide sociale. Nous avons donc besoin d’agents performants et reconnus pour assurer la mission de service public.

Avec des conditions de travail dégradées, d’importantes suppressions de postes, le non-remplacement d’un départ à la retraite sur trois, c’est l’ensemble du service aux usagers qui est mis en péril. Les français sont inquiets pour l’avenir du service public. Quant aux fonctionnaires, ils se mobilisent pour la défense de leur pouvoir d’achat et la reconnaissance de leurs professions. Ils se sentent menacés et craignent la perte d’attractivité de la fonction publique tant son image est mise à mal.

Je suis toujours surpris de la grande hypocrisie qui anime les responsables politiques de droite. La main sur le cœur, ils proclament leur reconnaissance aux fonctionnaires et en même temps ils s’emploient à démontrer combien notre fonction publique a besoin d’être organisée à l’image de ce qui existe dans le secteur privé, voire à confier à ce même secteur privé des missions relevant du service public et de l’intérêt général.

La question du pouvoir d’achat est centrale et décisive dans notre pays. Il faut donc la traiter sans tabou ni a priori, tout en rappelant, s’agissant des fonctionnaires, que le traitement est le socle sur lequel les pouvoirs publics doivent s’appuyer s’ils veulent prendre des mesures collectives améliorant le pouvoir d’achat des fonctionnaires.

Plus que jamais, c’est une véritable politique salariale, en concertation avec les personnels et les représentants des employeurs publics qui doit être engagée.
C’est indispensable, non seulement pour les fonctionnaires eux-mêmes, mais aussi pour les usagers des services publics, c’est à dire pour tous les français.
En effet, la rémunération conditionne la qualité du recrutement qui, elle-même, garantira des prestations de haut niveau.
Il faut avoir une conception étriquée du service public pour ne pas comprendre cela.