Réagissez !

lundi 3 février 2025

Réalisme et responsabilité

Le 6 janvier dernier, nous nous interrogions : la motion de censure sera-t-elle votée à l’Assemblée Nationale ? Finalement, elle l’a été. Aujourd’hui nous nous trouvons dans le même scénario… ou presque.

C’est un nouveau Premier Ministre, François BAYROU, avec une approche qui paraît différente de celle de son prédécesseur. Il ne semble pas vouloir céder aux demandes de l’extrême-droite et discute davantage avec la Gauche et plus particulièrement avec les Socialistes. La conséquence c’est que les observateurs insistent et commentent les positions des responsables du PS au point qu’on en arrive à croire que c’est des 66 députés socialistes (sur 577) que dépend l’avenir du Gouvernement. Ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Une chose est sûre : les Socialistes, dans l’opposition, n’approuvent pas le budget proposé par la droite et voteraient contre s’il n’y avait pas le recours au 49.3.

Le Premier Ministre, par l’usage d’un vocabulaire révoltant, la submersion par les étrangers, a créé une situation conflictuelle avec ceux dont il recherchait la neutralité en matière de censure. Ses réponses intéressantes aux demandes budgétaires des députés socialistes allaient dans le bon sens. Il faudrait qu’il s’explique plus clairement sur l’usage qui fut le sien d’un vocable qui appartient aux xénophobes et aux racistes.

Pour autant, la situation politique nationale, européenne et internationale justifie amplement la recherche par les responsables politiques de tous bords d’un bon fonctionnement de nos institutions. La France a besoin d’un budget. Les incertitudes qui pèsent aujourd’hui sur notre pays sont lourdes de conséquences pour notre économie mais aussi pour notre démocratie. Il faut donc souhaiter qu’au moment où il engagera la responsabilité de son gouvernement en application du 49.3, Monsieur BAYROU ait la sagesse et l’intelligence de donner de bonnes raisons de ne pas le censurer.

A gauche, cette situation suscite chez certains une impatience à peine voilée. Les mélenchonistes s’en prennent violemment aux socialistes en recourant souvent au mensonge. Ce n’est pas nouveau, ni dans la période récente, ni dans l’Histoire de la Gauche depuis plus d’un siècle. Les Socialistes, parce qu’ils s’inscrivent dans une démarche responsable, sont accusés de trahison par les tenants d’une stratégie de déstabilisation institutionnelle.

Dans les rangs du PS, des voix qui font autorité se font entendre, celle de Lionel JOSPIN par exemple, pour que les Députés socialistes ne votent pas la censure. D’autres, à l’inverse, préconisent le renversement du gouvernement BAYROU. Que se passerait-il alors ? Le Président de la République nommerait un Premier Ministre qui, issu de la Droite ou de la Gauche, devrait faire face à la même composition de l’Assemblée Nationale, avec les mêmes risques d’être renversé à son tour. Ce ne serait pas servir la République ni la Démocratie que d’encourager un tel scénario. Réaliste et Responsable, le Bureau National du PS a décidé, à une très large majorité, de ne pas voter la censure proposée par LFI mais d’inviter l’Assemblée Nationale à adopter une motion qui sera déposée dans  les  prochains  jours  au  nom  de  nos  valeurs  et  du  refus  de  la « trumpisation » de la vie politique française.

On verra qui la votera.