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jeudi 23 janvier 2025

Aller à l’idéal…

Si la situation de la France et celle du monde sont préoccupantes, celle de la Gauche française doit être le sujet principal de l’attention que doivent lui porter les militants, les élus, les responsables des organisations politiques dont l’objectif réside dans la volonté d’organiser notre vie collective démocratiquement et dans le respect des institutions de la République.

Depuis plus d’un siècle, la Gauche n’a réussi à gouverner la France que lorsqu’elle s’est rassemblée. Pierre MAUROY, qui aura marqué notre époque, en avait fait sa ligne directrice. Rassembler la Gauche nécessite un préalable pour les Socialistes : qu’ils soient eux-mêmes rassemblés autour des responsables qu’ils se choisissent démocratiquement, avec un projet de société et un programme d’action gouvernementale capables d’emporter l’adhésion de l’opinion. Cette volonté semble aujourd’hui partagée par un grand nombre au sein du PS. Le Premier Secrétaire lui-même semble disposé à proposer l’organisation d’un congrès. Quand la date en sera arrêtée, il faudra œuvrer pour que ce rassemblement soit une réalité. On sera alors en capacité de choisir celui ou celle qui aura le plus de chance d’être présent au second tour de l’élection présidentielle. Pas avant. La responsabilité collective exige qu’on ne s’enferme pas dans des « écuries » présidentielles avant l’heure.

Manifester sa volonté d’autonomie par rapport à ses partenaires n’est ni une trahison, ni un abandon de l’idée de l’union de la Gauche. C’est ce qu’ont démontré les responsables socialistes dans les âpres discussions qu’ils ont menées avec le Gouvernement. Ils ont obtenu la prise en compte de plusieurs dispositions portées par le Nouveau Front Populaire depuis juin dernier. Ils ont décidé démocratiquement, par un vote au sein du bureau national du PS, de ne pas censurer le Gouvernement a priori.

Il fallait s’y attendre, cela n’a pas plu à Jean-Luc MÉLENCHON et à quelques insoumis. Les injures ont fusé. Dommage ! En réalité, un tel comportement agressif à l’égard d’un partenaire interpelle les hommes et les femmes de Gauche : les mélenchonistes sont davantage dans une logique de déstabilisation que pour l’instauration de la justice sociale portée par les Socialistes.

Lorsque des voix s’élèvent dans les rangs du PS pour défendre la théorie de recherche du compromis dans une période inédite, sans majorité nette à l’Assemblée Nationale, certains y voient un retour à un passé pourtant définitivement révolu. On présente cela comme un problème de générations : les plus jeunes sont persuadés de détenir la vérité lorsque des moins jeunes, forts de l’expérience acquise, défendent l’idée d’une Gauche de Gouvernement.

On ne rappellera jamais assez cette théorie de Jean JAURÈS, « aller à l’idéal mais prendre en compte la réalité ». Tout socialiste engagé dans l’action politique doit faire sienne cette théorie.