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lundi 14 décembre 2020

Stratégie et discernement

De très nombreux évènements apparaissent dans l’actualité de ces dernières semaines qui nous interpellent sur le comportement de la police. Cette dernière est là, je le redis, pour protéger les personnes et les biens contre ceux qui y portent atteinte. Elle est là aussi pour faire respecter la Loi.

Cette seconde mission est exercée dans des conditions difficiles, pour plusieurs raisons. C’est notamment l’insuffisance de moyens humains et matériels. C’est aussi une préparation à l’exercice des fonctions considérées qui n’accorde pas suffisamment d’importance à la nature des relations entre policiers et population. A cela, il faut ajouter, et c’est le plus déterminant, des responsables politiques, administratifs et hiérarchiques qui décident et agissent en dépit du bon sens.

Les manifestations de ce samedi nous ont à nouveau apporté l’illustration d’une situation qui n’a que trop duré.

Le droit de manifester est constitutionnel. Cela est rappelé régulièrement y compris par le Gouvernement lui-même alors que ce sont souvent ses décisions qui sont la cause du mouvement.

Une décision peut être ou non justifiée. Dans tous les cas, il faut l’expliquer, encore et encore, pour qu’elle soit bien comprise et qu’elle soit acceptée par la majorité des citoyens concernés. Si ce n’est pas le cas et si l’opposition perdure à partir de manifestations à répétition, un exécutif responsable doit en tirer les conclusions : reconsidérer les mesures envisagées.

Or dans le cas considéré, la législation en matière de sécurité, le Gouvernement tergiverse, donne l’impression de vouloir gagner du temps, dit tout et son contraire à travers des déclarations formulées par le Chef de l’Etat, le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur ou le Garde des Sceaux. A propos de ce dernier qui a déjà dû « avaler son chapeau » à plusieurs reprises, qu’attend-il pour se mettre en conformité avec ses propos tonitruants d’avocat, il y a quelques mois ?

Plus grave encore, ce sont les policiers eux-mêmes qui contestent publiquement les propos tenus à leur égard et qui engagent une forme de grève des contrôles. Lorsqu’on en arrive à ce stade, il y a lieu de s’inquiéter des menaces qui pèsent sur nos institutions.

Les observateurs ont constaté ce samedi une nouvelle « stratégie » qui consiste à repérer, à contrôler, voire à interpeler des individus susceptibles de devenir des « casseurs ». Cette stratégie serait la bonne si elle était menée avec discernement. Or, il semblerait que ce ne fut pas le cas. Si certains porteurs « d’armes par destination » ont bien été arrêtés, d’autres et parmi eux des journalistes, des avocats, ont été à nouveau victimes de « violences policières » injustifiées.

En d’autres temps un Ministre de l’Intérieur, autant contesté que Monsieur DARMANIN, aurait démissionné. Aujourd’hui, le pouvoir en place semble faire peu de cas des règles républicaines.