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jeudi 10 décembre 2020

Respect de la République

Le Gouvernement a adopté hier le projet de loi dont l’objectif affiché concerne la lutte contre l’islamisme radical.

Fort heureusement, des trois religions monothéistes qui se partagent les croyants, il n’en est qu’une derrière laquelle s’abritent des terroristes. Les non croyants, quant à eux, se désespèrent de constater l’influence des dogmes déistes dans notre vie collective.

Fort heureusement encore, nos anciens, il y a 115 ans, avec la loi de 1905 sur la Laïcité, « consacraient » la séparation des églises et de l’Etat.

Lutter contre le séparatisme, tel était le nom donné par le Président de la République lui-même, le 2 octobre dernier, dans un discours prononcé aux Mureaux, près de Paris. La réflexion, sans doute, qui s’en est suivie a amené l’Exécutif à faire apparaître dans le titre du projet de loi, sa volonté de faire respecter les principes de la République. L’intention, en apparence, est parfaitement honorable. Reste à voir cependant ce que le Gouvernement entend faire voter par le Parlement.

Désormais, c’est à ce niveau, l’Assemblée Nationale et le Sénat, que le sujet sera traité. Les élus nationaux ne manqueront pas, dans les débats à venir, de souligner telle ou telle mesure intéressante, telle ou telle disposition lourde de conséquence ou dangereuse, telle ou telle insuffisance. S’il le faut, certains demanderont au Conseil Constitutionnel de garantir le respect de notre texte fondamental.

Le Gouvernement semble avoir « oublié » d’inscrire dans son projet de loi des dispositions tendant à garantir les principes républicains d’égalité et de fraternité. En d’autres termes, n’apparaissent pas les éléments d’une politique de solidarité particulièrement défaillante dans la macronie. On sait pourtant que l’insuffisance, pour ne pas dire l’absence, de moyens capables de démontrer à une partie importante de nos concitoyens que l’Etat à la volonté de réduire les inégalités sociales est souvent ce qui favorise le développement du radicalisme prétendu religieux.

L’Ecole, le logement, la protection de l’environnement, la santé, les loisirs et la culture, l’emploi sont tout aussi importants que la sécurité. L’action politique est un tout. Elle ne peut pas être menée par petites touches ciblées. Si l’on procède ainsi, on donne l’illusion de gérer une situation, certes difficile et préoccupante comme l’est l’islamisme radical. On ne règle pas les causes du problème.

La crise sanitaire, loin d’être résolue, a de telles conséquences économiques et financières qu’il est difficile de dégager les crédits nécessaires. Pourtant, on sait qu’il y a de l’argent : plusieurs analyses économiques démontrent que, pendant la pandémie, certains ont continué de s’enrichir.

Verra-t-on le Président de la République corriger son image de « président des riches » ? La question est posée.