Les
Français, généralement, n’aiment pas « les flics ». Le caractère
frondeur et râleur de beaucoup de nos concitoyens les amène souvent à réagir
négativement vis-à-vis de ce symbole de l’autorité de l’Etat qu’est la police.
Cette
situation n’est pas nouvelle et elle a atteint parfois certains paroxysmes.
Ainsi, en 1968, des manifestants clamaient : « CRS – SS », ce
qui était inacceptable. Ces irresponsables n’avaient pas connu les actes des
nazis sinon ils auraient fait aisément la différence.
Quelques
années plus tard, en 1986, des opposants au projet de loi de réforme des
Universités étaient pourchassés par des policiers dénommés « voltigeurs » :
deux hommes à moto, l’un d’entre eux pilotant l’autre muni d’une matraque. Un
jeune passant, Malik OUSSEKINE, était frappé violemment au point d’y perdre la
vie.
Evidemment,
un tel comportement de la police est intolérable.
Le
mouvement des « gilets jaunes » et, ces dernières semaines, les
actions revendicatives menées contre la réforme des retraites ont vu à nouveau
des interventions policières insupportables. Bien que dans un premier temps,
l’Exécutif ait minimisé les faits, quelques images diffusées ont amené les plus
hautes autorités de l’Etat à rappeler à leurs devoirs ceux qui sont chargés du
maintien de l’ordre.
Dans un
Etat de Droit, comme le nôtre, dans une Démocratie, l’ordre doit être respecté.
Les lois sont là pour le garantir car elles protègent en même temps qu’elles
interdisent ce qui est contraire à l’intérêt général.
Si des
policiers dévoient leurs missions en se permettant des actes disproportionnés,
c’est d’abord la responsabilité du pouvoir politique qui est engagée. Il ne
s’agit pas de dire régulièrement aux fonctionnaires de police qu’on les aime et
que les conditions difficiles dans lesquelles ils se trouvent parfois
expliqueraient des actes inconsidérés pour que ces actes soient excusables.
Le Chef
de l’Etat, le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur sont les premiers
qui doivent respecter et faire respecter l’Etat de Droit. Or, malheureusement,
ce n’est pas toujours le cas et trop d’ambiguïté caractérise les comportements
du pouvoir en matière de police et de justice.
Les
propos du Préfet de Police de Paris oubliant son devoir de réserve pour s’en
prendre à une manifestante n’ont pas été sanctionnés comme ils auraient dû
l’être. Un journaliste est arrêté car il serait à l’origine d’une irruption de
manifestants dans un théâtre où se trouvait le Président de la République.
D’autres sont convoqués par la justice pour révéler leurs sources lorsqu’ils
ont traité de l’affaire BENALLA.
A ces
faits, anodins si on les prend individuellement, on pourrait s’interroger sur
le mouvement d’ampleur de changement des Préfets, représentants de l’Exécutif,
auquel on assiste en ce moment. Il s’agirait, disent certains observateurs,
d’installer dans les territoires des personnes sures en vue de l'élection présidentielle de 2022.
La
République n’est pas en danger comme elle le fut en d’autres périodes de son
histoire. Encore faut-il être vigilant et endiguer toutes les déviances qui se
profilent.