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lundi 20 janvier 2020

Sortir de l’ambiguïté


Les Français, généralement, n’aiment pas « les flics ». Le caractère frondeur et râleur de beaucoup de nos concitoyens les amène souvent à réagir négativement vis-à-vis de ce symbole de l’autorité de l’Etat qu’est la police.

Cette situation n’est pas nouvelle et elle a atteint parfois certains paroxysmes. Ainsi, en 1968, des manifestants clamaient : « CRS – SS », ce qui était inacceptable. Ces irresponsables n’avaient pas connu les actes des nazis sinon ils auraient fait aisément la différence.

Quelques années plus tard, en 1986, des opposants au projet de loi de réforme des Universités étaient pourchassés par des policiers dénommés « voltigeurs » : deux hommes à moto, l’un d’entre eux pilotant l’autre muni d’une matraque. Un jeune passant, Malik OUSSEKINE, était frappé violemment au point d’y perdre la vie.

Evidemment, un tel comportement de la police est intolérable.

Le mouvement des « gilets jaunes » et, ces dernières semaines, les actions revendicatives menées contre la réforme des retraites ont vu à nouveau des interventions policières insupportables. Bien que dans un premier temps, l’Exécutif ait minimisé les faits, quelques images diffusées ont amené les plus hautes autorités de l’Etat à rappeler à leurs devoirs ceux qui sont chargés du maintien de l’ordre.

Dans un Etat de Droit, comme le nôtre, dans une Démocratie, l’ordre doit être respecté. Les lois sont là pour le garantir car elles protègent en même temps qu’elles interdisent ce qui est contraire à l’intérêt général.

Si des policiers dévoient leurs missions en se permettant des actes disproportionnés, c’est d’abord la responsabilité du pouvoir politique qui est engagée. Il ne s’agit pas de dire régulièrement aux fonctionnaires de police qu’on les aime et que les conditions difficiles dans lesquelles ils se trouvent parfois expliqueraient des actes inconsidérés pour que ces actes soient excusables.

Le Chef de l’Etat, le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur sont les premiers qui doivent respecter et faire respecter l’Etat de Droit. Or, malheureusement, ce n’est pas toujours le cas et trop d’ambiguïté caractérise les comportements du pouvoir en matière de police et de justice.

Les propos du Préfet de Police de Paris oubliant son devoir de réserve pour s’en prendre à une manifestante n’ont pas été sanctionnés comme ils auraient dû l’être. Un journaliste est arrêté car il serait à l’origine d’une irruption de manifestants dans un théâtre où se trouvait le Président de la République. D’autres sont convoqués par la justice pour révéler leurs sources lorsqu’ils ont traité de l’affaire BENALLA.

A ces faits, anodins si on les prend individuellement, on pourrait s’interroger sur le mouvement d’ampleur de changement des Préfets, représentants de l’Exécutif, auquel on assiste en ce moment. Il s’agirait, disent certains observateurs, d’installer dans les territoires des personnes sures en vue de l'élection présidentielle de 2022.

La République n’est pas en danger comme elle le fut en d’autres périodes de son histoire. Encore faut-il être vigilant et endiguer toutes les déviances qui se profilent.