C’était
il y a soixante-quinze ans : le camp nazi d’Auschwitz était libéré par les
troupes soviétiques et on s’acheminait lentement, trop lentement, vers la fin
de l’holocauste, produit de la folie des hommes.
Pour
marquer l’évènement une commémoration internationale a été organisée,
aujourd’hui, au Mémorial de la Shoah, à Jérusalem. C’est bien, et la présence
du Président de la République française témoigne à l’évidence que la France
officielle n’oublie pas.
Je dis
la « France officielle » car malheureusement trop nombreux sont nos
concitoyens qui ne savent pas ce qu’a été ce génocide sans précédent dans
l’histoire de l’humanité. Une instruction du Ministre de l’Education Nationale
demandant aux enseignants de consacrer un temps de cette journée à expliquer à
tous les enfants et adolescents ce que le monde a connu alors aurait été une
bonne initiative. Elle n’a pas été prise. Tant pis.
Cette
manifestation a lieu en Israël. Là encore, c’est bien car cela permet de
souligner l’importance de la création de cet Etat, en 1948, à l’initiative de
l’ONU.
La
communauté internationale avait alors voulu faire oublier la lourde
responsabilité de plusieurs gouvernements qui avaient minimisé ou feint
d’ignorer les conséquences de l’avènement d’Hitler au pouvoir.
L’existence
de cet Etat et les circonstances dans lesquelles il fut créé ne justifient pas
pour autant la négation d’un Etat palestinien que les Nations Unies n’ont pas
su imposer en même temps au Moyen-Orient.
Aujourd’hui,
ce problème est loin d’être réglé et on ne peut que souhaiter que la
commémoration d’aujourd’hui amène les responsables politiques présents à
Jérusalem à parler d’une seule voix pour exiger le respect de la décision de
1948.
Cependant,
si la commémoration de la libération du camp de concentration d’Auschwitz a été
organisée à Jérusalem, elle aurait pu, et même elle aurait dû se faire sur les
lieux mêmes où des détentions arbitraires et des conditions innommables de
l’assassinat atroce de plusieurs millions d’hommes, de femmes, d’enfants se
sont passées.
La
symbolique eut été plus forte car l’objectif de cet acte de mémoire est d’abord
de sensibiliser les populations de plusieurs pays européens, dont la France, à
cette évidence : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête
immonde » comme le disait Bertold BRECHT.
Il
suffit pour s’en convaincre d’écouter les discours de l’extrême droite, les LE PEN
en tête. Ils prônent le rejet, voire la haine, de l’autre, celui qui a une
autre religion, une autre couleur de peau, une autre nationalité.
Alors
que les Français vont voter dans deux mois, ils doivent se souvenir que cette
attitude a abouti à la création de ces camps. La libération de l’un d’entre eux,
commémoré aujourd’hui, n’a pas fait disparaître l’idéologie liberticide.