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lundi 16 décembre 2019

« Droit dans ses bottes »

La formule a fait et continue de faire recette. On l’attribue à Alain JUPPÉ, alors Premier Ministre, en 1995. Les archives de l’INA nous rappelaient récemment que ce n’est pas à l’occasion de la réforme des retraites déjà entreprise par la Droite alors et contestée par un important mouvement social.

Qu’importe. Elle fut prononcée et traduisait alors un état d’esprit que l’on retrouve aujourd’hui chez Messieurs MACRON et PHILIPPE. Le tandem de l’Exécutif manifeste son mépris vis-à-vis des salariés qui s’opposent à son projet en feignant d’ignorer l’ampleur de la contestation. Plusieurs membres du Gouvernement, Messieurs LE MAIRE et DARMANIN notamment, dénoncent les conséquences de la grève qui pénalise les usagers des transports publics.

Il n’y a que Monsieur DELEVOYE qu’on n’entend pas. Le responsable des travaux qui ont abouti au projet que va adopter prochainement le Gouvernement est trop occupé à faire appel à sa mémoire pour se rappeler toutes les activités qui furent les siennes, rémunérées ou non, avant de devenir membre du Gouvernement et de se mettre en règle vis-à-vis de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP). Il en aura le temps puisqu’il vient de démissionner.

Ces pompiers pyromanes sont soutenus dans leurs dénigrements par certains médias. Les chaînes d’information continue diffusent sans arrêt des images de rames de métro bondées ou de quais de gares noirs de monde.

Beaucoup d’observateurs résument le mouvement social qui secoue la France à une opposition à la suppression des régimes spéciaux de retraite. Or, si c’est un des éléments de la revendication syndicale, ce n’est pas le plus important problème qui est posé.

Le nouveau système par points est présenté comme un facteur de justice sociale, ce qui est fortement contesté. C’est au contraire vers la création de nouvelles inégalités que l’on s’oriente. Des modalités peuvent être recherchées pour corriger ces conséquences. Encore faut-il que les discussions soient organisées.

Or, fidèle à la ligne qu’il s’est fixée en 2017, Monsieur MACRON feint d’ignorer la contestation et, tel Jupiter dont il s’inspire, reste au-dessus de ce qu’il devrait prendre en considération.

Mais, au-delà du problème posé par la réforme de la retraite envisagée, il importe de rappeler que d’autres sujets font l’objet d’actions diverses.

Le pouvoir d’achat et la désertification des territoires éloignés des grands centres urbains motivent, depuis plus d’un an, le mouvement des « gilets jaunes ».

Les élus locaux, les responsables syndicaux et associatifs, sont méprisés par l’Exécutif.

Les cheminots et les agents de la RATP sont en grève. Ils ne sont pas les seuls. Les enseignants, les personnels hospitaliers, les médecins, les étudiants et les lycéens, les avocats, les routiers crient leur « ras-le-bol ».

Il est urgent que les responsables politiques au pouvoir aujourd’hui, Président de la République, Gouvernement, Députés et Sénateurs macronistes, prennent conscience que leur attitude ne conduira pas au « pourrissement » du mouvement mais, au contraire, à des actions qui pourraient avoir de lourdes conséquences.