L’interférence
est un phénomène de physique. Elle peut aussi avoir une signification
politique. C’est sous cet angle qu’elle vient d’être dénoncée par les cinq
personnes désignées par l’Exécutif comme garantes de la neutralité du « grand
débat ».
Ces
cinq « sages » ont critiqué le Gouvernement et le Chef de l’Etat qui
ont « récupéré » ce « grand débat » pour mener des opérations
de communication. On ne peut que se réjouir que cette mise au point fasse en
réalité « tomber les masques ».
Mais,
on n’a pas tout vu. Ce n’est pas fini comme dit la publicité. Attendons-nous en
effet à ce que la « restitution » de toutes ces doléances, tous ces
commentaires, toutes ces suggestions soit, de la même façon, une vaste
entreprise de récupération. Ainsi, l’organisation des conférences régionales
prévues montre les limites de cette forme de démocratie qui n’est en rien le
reflet de la société.
Une
nouvelle fois est posé le problème de la démocratie représentative. En France,
elle est souvent l’objet de critiques. Ces critiques visent d’ailleurs davantage
les élus, représentant le peuple, que le principe même. Jusqu’alors, la
valorisation de ces élus, à tous les niveaux, n’a pas fait partie des objectifs
présidentiels.
L’organisation
de la vie collective, depuis la commune jusqu’à l’Europe, en passant par le
Département, la Région et l’Etat, nécessite des décisions. C’est ce qui s’appelle
tout simplement l’action politique.
Il
faut des écoles, des transports, des routes, des hôpitaux, des lieux d’activités
économiques. Ce sont des décisions politiques, prises démocratiquement dans des
assemblées élues qui répondront à ces besoins.
Quand
des citoyens sont insatisfaits, le bulletin de vote leur permet de le dire et
de faire un autre choix que garantit le pluralisme.
Cela
ne signifie pas que les citoyens ne doivent pas être consultés en dehors des moments
électoraux. Cela s’appelle la démocratie participative et tout élu digne de ce
nom doit la pratiquer.
Ainsi,
si on remonte à l’origine du mouvement social que nous connaissons depuis la
mi-décembre, à savoir l’augmentation du prix des carburants, un grand débat
aurait pu être mené avec les Français qui le voulaient pour aborder la dimension
économique, écologique, sociale de cette augmentation.
Au
lieu de cela, par toute une série de subterfuges, le Président de la République
a voulu noyer le poisson.
Il
n’est pas trop tard pour faire en sorte que ce « grand débat » serve
la Démocratie et la République.
Il
est prévu que les Parlementaires soient saisis et discutent des questions
abordées par les participants au « Grand Débat ». Pour l’heure, cette
discussion ne se terminera pas par un vote. C’est dommage.
Laissons
voter nos Députés, nos Sénateurs. Ainsi, les citoyens sauront ce que veulent et
font leurs représentants.