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jeudi 14 mars 2019

Interférence


L’interférence est un phénomène de physique. Elle peut aussi avoir une signification politique. C’est sous cet angle qu’elle vient d’être dénoncée par les cinq personnes désignées par l’Exécutif comme garantes de la neutralité du « grand débat ».

Ces cinq « sages » ont critiqué le Gouvernement et le Chef de l’Etat qui ont « récupéré » ce « grand débat » pour mener des opérations de communication. On ne peut que se réjouir que cette mise au point fasse en réalité « tomber les masques ».

Mais, on n’a pas tout vu. Ce n’est pas fini comme dit la publicité. Attendons-nous en effet à ce que la « restitution » de toutes ces doléances, tous ces commentaires, toutes ces suggestions soit, de la même façon, une vaste entreprise de récupération. Ainsi, l’organisation des conférences régionales prévues montre les limites de cette forme de démocratie qui n’est en rien le reflet de la société.

Une nouvelle fois est posé le problème de la démocratie représentative. En France, elle est souvent l’objet de critiques. Ces critiques visent d’ailleurs davantage les élus, représentant le peuple, que le principe même. Jusqu’alors, la valorisation de ces élus, à tous les niveaux, n’a pas fait partie des objectifs présidentiels.

L’organisation de la vie collective, depuis la commune jusqu’à l’Europe, en passant par le Département, la Région et l’Etat, nécessite des décisions. C’est ce qui s’appelle tout simplement l’action politique.

Il faut des écoles, des transports, des routes, des hôpitaux, des lieux d’activités économiques. Ce sont des décisions politiques, prises démocratiquement dans des assemblées élues qui répondront à ces besoins.

Quand des citoyens sont insatisfaits, le bulletin de vote leur permet de le dire et de faire un autre choix que garantit le pluralisme.

Cela ne signifie pas que les citoyens ne doivent pas être consultés en dehors des moments électoraux. Cela s’appelle la démocratie participative et tout élu digne de ce nom doit la pratiquer.

Ainsi, si on remonte à l’origine du mouvement social que nous connaissons depuis la mi-décembre, à savoir l’augmentation du prix des carburants, un grand débat aurait pu être mené avec les Français qui le voulaient pour aborder la dimension économique, écologique, sociale de cette augmentation.

Au lieu de cela, par toute une série de subterfuges, le Président de la République a voulu noyer le poisson.

Il n’est pas trop tard pour faire en sorte que ce « grand débat » serve la Démocratie et la République.

Il est prévu que les Parlementaires soient saisis et discutent des questions abordées par les participants au « Grand Débat ». Pour l’heure, cette discussion ne se terminera pas par un vote. C’est dommage.

Laissons voter nos Députés, nos Sénateurs. Ainsi, les citoyens sauront ce que veulent et font leurs représentants.