Le droit de manifester est constitutionnel. Le droit à la violence
n’existe pas dans un État démocratique. Il y a des règles qu’il convient de
respecter sauf à s’inscrire dans une démarche insurrectionnelle. A ce jour,
rien ne justifie, en France, les comportements de ceux qui, se camouflant
derrière un gilet jaune ou une cagoule, s’en prennent à des fonctionnaires de
police ou de gendarmerie, à des élus, à des bâtiments publics.
Il est vrai que l’absence d’organisation du mouvement, engagé
depuis bientôt deux mois, ne facilite pas la recherche du compromis
indispensable en cas de divergences.
Certes, me dira-t-on, les blocages de circulation, la présence de
milliers de personnes dans les rues de nos villes, chaque week-end depuis huit
semaines témoignent d’une forme d’organisation. L’usage des réseaux sociaux qui
facilitent généralement des expressions anonymes ne peut pas être considéré
comme une forme satisfaisante de fonctionnement d’un mouvement.
Se réclamer de la Démocratie sous-entend la transparence dans le
fonctionnement, l’identification des personnes engagées et la désignation de
représentants capables de dialoguer. Ne pas respecter ces règles fondamentales,
c’est prendre le risque de débordements incontrôlés et du pourrissement de la
situation.
C’est ce que l’on observe chaque jour qui passe. Le nombre de
participants diminue mais ce sont des personnes de plus en plus violentes qui
se distinguent. Les revendications ont
évolué dangereusement : d’un refus de l’augmentation des taxes sur les
carburants on est arrivé à demander le rétablissement de la peine de mort, la
suppression du mariage pour tous ou le renvoi des étrangers.
Force est de constater que ce sont des thèmes portés par
l’extrême-droite et une partie de la Droite qui s’expriment, ce qui n’est pas
surprenant, tant ces thèmes marquent un nombre important de nos concitoyens.
Il est urgent de sortir de l’impasse dans laquelle le mouvement des
« gilets jaunes » et l’attitude du Gouvernement et du Président de la
République ont enfermé le débat.
Ce sont les élus qui doivent prendre des initiatives. Les maires,
les conseillers départementaux et régionaux, les parlementaires ont la
légitimité incontestable du suffrage universel. Rencontrer les acteurs du
mouvement, les écouter, porter leurs revendications auprès des représentants de
l’Exécutif doit être aujourd’hui leur mission première.
Je ne sais pas si cela correspond au « grand débat »
proposé par Monsieur MACRON, l’avenir nous le dira.
C’est, je pense, la méthode la plus rationnelle à mettre en œuvre
devant l’urgence du moment.