Hormis des circonstances exceptionnelles rencontrées dans l’Histoire,
comme mai 1968, par exemple, j’ai toujours eu beaucoup de réserves pour les
mouvements spontanés s’engageant dans des actions politiques. Qu’il se soit agi
des « bonnets rouges », de « nuit debout » ou, aujourd’hui,
des « gilets jaunes », ces initiatives sont bien souvent engagées par
des extrémistes, de droite ou de gauche, qui n’osent pas dire leur nom et qui
entraînent dans leur sillage des gens de bonne volonté, sans perspective
concrète. Les partis politiques, organisés, porteurs d’une vision globale, sont
bien mieux à même de mener des actions.
L’opposition politique, la contestation des décisions du
gouvernement sont indispensables dans une démocratie. Il est nécessaire
qu’elles puissent s’exprimer librement. « Je hais vos idées mais je me
ferai tuer pour que vous ayez le droit de les exprimer » disait Voltaire.
Tout Républicain doit faire sien ce principe.
Dans le cas présent, celui des « gilets jaunes », il y a
incontestablement la traduction d’un « ras le bol ». Le Gouvernement
doit davantage tenir compte des observations formulées par l’opposition
parlementaire et leurs partis de référence.
Dans son intervention télévisée de ce mercredi soir, Monsieur
MACRON a reconnu : « Je n’ai pas réussi à réconcilier le peuple
français avec ses dirigeants ». Monsieur le Président, la politique
libérale que vous menez contribue à accroître les inégalités et les injustices
sociales. C’est cela avant tout que nos concitoyens ne supportent pas.
Soulignons au passage les caractéristiques du cadre de cette
expression présidentielle : un porte-avion, le « Charles de
Gaulle », une chaine de télévision privée et commerciale, TF1.
Pourquoi ? Le service public ne serait-il pas digne d’accueillir
Jupiter ?
Les Français qui ont suivi cette interview ont-ils appris quelque
chose, ont-ils été rassurés ? J’en doute, tant à la simplicité des questions
posées, correspondait une complexité des réponses apportées.
Cependant, je veux reconnaître l’intérêt du discours présidentiel
sur deux sujets.
Le premier touche au refus de répondre aux propos inacceptables de
TRUMP à son encontre et à celui de la France. Il a raison car nous avons
affaire à un « guignol ». Malheureusement, compte-tenu de sa
position, il est dangereux et il importe d’être en permanence sur ses gardes.
Le second concerne la proposition de création d’une armée
européenne, proposition soutenue par l’Allemagne. C’est une vieille idée, déjà
imaginée en 1950 sous l’appellation de Communauté Européenne de Défense (C.E.D.).
Soixante-dix ans plus tard, alors que la situation internationale a considérablement
changé, ce concept doit être imaginé : il y va de l’avenir même de l’Union
Européenne.
J’ai commencé ce billet en exprimant mes réserves à l’encontre du
mouvement des « gilets jaunes ». Cela ne signifie pas qu’il ne faille
pas réagir. Le Parti Socialiste soutient les Français qui défendent leur
pouvoir d’achat. C’est le combat politique du moment. Menons-le avec
détermination.