« Je
n’ai pas oublié » nous a déclaré, d’entrée, le Président de la République
dans son discours jupitérien délivré aux Français à travers leurs représentants
et sous les applaudissements de ses suppôts.
Il
a pourtant oublié une donnée fondamentale : il a été élu, il y a quatorze
mois, par une majorité dans laquelle se trouvaient des électrices et des
électeurs de Gauche pour qui la justice sociale a un sens, et non pas seulement
par des aspirants à un nouveau monde annoncé.
Or,
force est de constater au bout de cette première période du quinquennat que la
dimension solidarité est particulièrement absente.
Je
ne sais pas si Monsieur MACRON a oublié un sujet qui concerne les Français.
L’inventaire de ses décisions politiques passées et ses annonces pour l’avenir
couvrent un large champ. Les commentateurs relèveront sûrement des domaines qui
n’ont pas été évoqués.
Mais
là n’est pas le plus important.
La
Grande Bretagne connaît le « discours du trône » : la Reine lit
devant le Parlement britannique un texte écrit par le Premier Ministre du
Royaume Uni.
Les
Représentants et les Sénateurs Américains entendent le message du Président des
Etats-Unis sur « l’état de l’Union ».
Désormais,
en France, notre Constitution permet au Chef de l’Etat de discourir devant les
membres des deux assemblées réunis en Congrès, à Versailles et ce, selon son
« bon vouloir ».
Le
lieu, symbole de la royauté, la méthode, l’absence de débat avec les
représentants de la Nation donnent à cette manifestation un caractère davantage
monarchique que républicain. Ce ne sont pas les propos tenus par Monsieur
MACRON, faisant, à plusieurs reprises, référence à la République qui
rassureront. Son positionnement vis-à-vis de nos institutions au cours de mois
écoulés ne peut qu’inquiéter fortement les vrais Républicains.
Certes,
dans sa mansuétude, notre Jupiter consent, pour l’avenir, à écouter les
discours des parlementaires qui feront suite au sien et à leur répondre.
C’est
une intention dénuée de sérieux tant que n’auront pas été précisées dans notre
Constitution quelques données fondamentales de notre Démocratie parlementaire.
Ainsi, faudrait-il définir le rôle respectif du Président et du Premier Ministre.
Peut-on imaginer, par exemple, que le Président de la République soit
responsable de sa politique devant le Parlement, ou que puisse être déposée une
motion de censure à son encontre, ou qu’il n’ait plus le pouvoir de dissoudre
l’Assemblée Nationale ?
On
le voit, il y a encore beaucoup à faire pour que les gouvernants retrouvent le
peuple et pour que le peuple fasse confiance à ses gouvernants.