Tout
est réformable. Ne rien changer serait mettre la société en danger de sclérose,
voire de disparition. L’adaptation à l’évolution de la collectivité est donc
indispensable.
Cela
dit, il y a l’art et la manière.
Les
intentions prêtées pour l’heure au gouvernement concernant la SNCF sont très
préoccupantes. La SNCF, ce sont bien entendu des trains et des rails. Ce sont
aussi des personnes.
Elu
d’une ville de cheminots pendant près de quarante ans, je connais bien ces
hommes et ces femmes qui ont une très haute conscience de leur métier, celui de
transporter dans les meilleures conditions leurs concitoyens. Ces conditions
concernent la sécurité, le confort, la rapidité, l’exactitude, la qualité du
service rendu.
Je
ne connais pas un agent de la SNCF qui n’ait pas présent à l’esprit
l’obligation de satisfaire toutes ces exigences. Il s’agit, avant tout, d’une
mission de service public.
Le
mot est dit, service public. Nous n’en sommes plus à l’époque des compagnies
privées de chemin de fer, avant 1938, quand la priorité résidait d’abord dans
le versement de dividendes aux actionnaires.
C’est
le Gouvernement du Front Populaire du socialiste Léon BLUM qui a jeté les bases
de ce qui allait devenir le fleuron des transports ferroviaires dans le monde.
Aujourd’hui,
pour Monsieur MACRON, c’est une réforme de statut des cheminots qui va
permettre de rééquilibrer le budget de la SNCF. De qui se moque-t-on ?
Cette
approche découle par excellence de la méthode pratiquée depuis maintenant neuf
mois : on souligne les privilèges d’une catégorie sociale pour amener le
reste de la population à souhaiter des changements, lesquels n’apporteront
aucun avantage à l’ensemble des Français.
Qui
plus est, pour que le débat soit au maximum écourté et occulté, on recourt aux
ordonnances. Certes, la Constitution prévoit cette procédure législative. Il
n’empêche que cela contribue à diminuer significativement les responsabilités
des parlementaires. De plus, l’avenir de la SNCF ne justifie en rien le passage
en force.
Le
véritable problème est celui de l’aménagement du territoire qui doit tenir
compte des différences, parfois considérables, qui existent entre telle et
telle région de notre pays.
Tous
les Français doivent pouvoir être transportés dans les mêmes conditions. Cela
passe par des investissements que seul l’Etat peut assurer.
Si
le statut actuel des 150 000 cheminots nécessite forcément un toilettage, ce
n’est pas sa seule réforme qui permettra d’améliorer la qualité du service
rendu aux habitants de notre pays.