Pierre
Mauroy était un visionnaire. C’est une qualité que lui reconnaissent beaucoup
de ceux qui l’ont connu. Pour ce qui me concerne, j’ai appris de lui qu’un
moment de l’action politique était forcément suivi d’un autre et qu’il fallait
toujours imaginer le déroulement des événements à venir.
C’est un
exercice auquel je me livre bien volontiers au lendemain du 1er tour
de cette élection présidentielle.
Une
élection, ça se gagne ou ça se perd. Il n’y a pas de demi-mesure. Les
Socialistes ont perdu l’élection présidentielle de 2017. Il faut en tirer des
conclusions immédiates.
Il ne sert
à rien de revenir sur le passé, celui de ces dernières années, même si ce passé
doit éclairer l’avenir. J’entends bien ceux qui nous disent : « Si
ceci…, si cela… ». Avec des « si », on mettrait Paris en
bouteille nous dit le proverbe.
Aujourd’hui,
plus que jamais, il faut préparer l’avenir, celui du Parti Socialiste, celui de
la Gauche, celui de la France et de l’Europe.
La première
chose à faire est de tirer les leçons de cet échec : le Parti Socialiste
et ses responsables n’ont pas été à la hauteur de la situation. En pareil
cas, le premier de ces responsables, Jean-Christophe Cambadélis, devrait
présenter sa démission en tant que Premier Secrétaire. Ce serait un acte
ordinaire dans tout système démocratique. Benoît Hamon, premier concerné par
l’échec devrait se mettre en retrait pour un temps.
La
situation exceptionnelle ainsi créée doit entraîner la mise en place à la tête
du Parti d’une direction collégiale rassemblant toutes les sensibilités du
Parti Socialiste : la majorité issue du dernier congrès, la minorité à
laquelle appartenait Benoît Hamon, les soutiens sans faille de François
Hollande pendant son quinquennat, ceux qui ont choisi Macron dès le 1er
tour. Cette direction pluraliste relèvera de l’autorité du Premier Ministre,
Bernard Cazeneuve, chef du gouvernement et chef de la majorité sortante.
La première
question à traiter qui relèvera de cette direction sera de définir une
stratégie pour la bataille des législatives.
L’enjeu est
de constituer une majorité gouvernementale ou, à défaut, une opposition
parlementaire suffisamment représentative. Pour ce faire, la première donnée à
retenir est arithmétique. Elle réside dans l’impossibilité d’être présent au
second tour pour les candidats recueillant moins de 12,5 % des électeurs
inscrits au 1er tour.
C’est dire
l’importance de la recherche d’un accord préélectoral avec toutes les composantes
de la Gauche qui ne voudront ni de la Droite ni de l’extrême-droite.
Cela doit
être désormais l’objectif prioritaire des Socialistes.