Je ne
voudrais pas tomber dans le travers d’évoquer trop souvent l’extrême-droite. Il
est vrai qu’en parler c’est lui donner corps encore davantage. A l’inverse, ne
pas évoquer ce qu’elle représente, c’est faire la politique de l’autruche et
banaliser sa présence sur l’échiquier politique français et européen.
Les responsables
politiques de tous bords ont condamné le contenu et la forme des propos tenus à
Strasbourg, mercredi dernier par la fille Le
Pen , porte-parole de l’extrême-droite européenne, s’adressant
à François Hollande.
Le Président
de la République, dans une réponse cinglante vivement applaudie par tous les
Députés Européens, ou presque, a souligné que la thèse défendue par le Front
National conduisait inévitablement à une « sortie de la démocratie »,
à un retour aux nationalismes et aux extrémismes.
Malheureusement,
la crise économique continue de favoriser le développement de ces théories
fascistes en France et dans plusieurs Etats membres de l’Union Européenne. La réaction
de l’opinion publique allemande hostile à 54 % à l’arrivée des réfugiés en est
la dernière illustration.
Il devient
urgent pour les responsables politiques de gauche comme de droite mais attachés
à la Démocratie et, en France, à la République de laisser de côté les
divergences trop souvent secondaires en regard de la montée de l’audience des
idées d’extrême-droite.
En réalité,
un grand nombre de Français qui ont voté pour les candidats FN et qui se
préparent à le faire encore, n’ont pas conscience qu’ils soutiennent des idées
porteuses de remises en question de valeurs fondamentales auxquelles ils sont
par ailleurs attachés.
Ils n’entendent
que la critique, la dénonciation de situations insupportables dont ils
voudraient être débarrassés. Ils n’entendent pas, parce qu’il n’y en a pas de
propositions concrètes pour changer leur vie quotidienne.
Ils prennent
pour argent comptant les suggestions de sortie de l’Europe ou de renvoi des
immigrés dans leurs pays d’origine sans mesurer les conséquences de ce genre de
solutions, par ailleurs impossibles à mettre en œuvre.
Le temps
est désormais compté pour les véritables défenseurs de la Démocratie et de la
Liberté s’ils ne veulent pas être submergés par ce qu’on pourrait appeler à
nouveau « la peste brune ».
Elle nous menace. Il ne s’agit
pas d’en avoir peur. Il suffit d’avoir la volonté largement partagée de la
repousser.