Un responsable
politique doit savoir parler. C’est nécessaire s’il veut convaincre ses
interlocuteurs, son auditoire, ses concitoyens. Cela s’appelle l’art oratoire.
C’est
nécessaire également, voire indispensable, pour expliquer les raisons d’une
politique, les causes et les conséquences d’une décision.
C’est ce
que ne manque pas de faire François Hollande à chaque fois qu’il s’exprime. C’est
l’exercice auquel s’est livré avec succès Manuel Valls hier soir dans une
émission télévisée.
Un responsable
politique doit aussi savoir se taire. Ce genre d’exercice est plus difficile
car la tentation est toujours forte d’occuper les médias, de prononcer la
petite phrase qui sera reprise en boucle par les commentateurs.
C’est
difficile mais cependant nécessaire si on ne veut pas affaiblir le camp auquel
on appartient.
Or,
malheureusement, nous connaissons régulièrement des « incartades verbales »
qui desservent l’action collective parce qu’elles interviennent
inopportunément, à un moment où il est primordial que la cohésion soit la
priorité de toutes celles et de tous ceux qui défendent la même cause.
Ce genre de
propos est parfois la conséquence d’une absence de sens politique. On peut être
brillant dans un domaine, l’économie par exemple, et ne pas avoir pour autant
la jugeote nécessaire pour imaginer les réactions de l’opinion publique à telle
déclaration.
Lorsque cette
situation est créée par un membre du gouvernement, il revient alors au « leader »,
en l’occurrence le Premier Ministre, de « recadrer » les choses.
Cela fut
fait récemment.
Il est
aussi dommageable à mes yeux lorsque ce genre de propos est tenu par des hommes
ou des femmes qui prétendent soutenir l’action du gouvernement. Les frondeurs,
par exemple, auront davantage travaillé contre les intérêts de la Gauche et
donc contre eux-mêmes que de participer à la réussite du changement entrepris
depuis 2012.
Alors que
la France réduit ses inégalités, nous l’apprenions au début de la semaine,
alors que le chômage des jeunes est en réduction pour le 3ème mois
consécutif, alors que le régime des retraites redevient excédentaire après
douze ans de déséquilibre, alors que les marges des entreprises sont
reconstituées, la cohésion est plus que jamais indispensable.
Alors savoir parler, oui,
bien sûr, pour expliquer et convaincre, mais aussi et surtout, savoir se taire
pour éviter la « cacophonie » qui, en politique comme en musique, ne
permet pas d’apprécier ce qui est écouté.