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vendredi 25 septembre 2015

Savoir se taire

Un responsable politique doit savoir parler. C’est nécessaire s’il veut convaincre ses interlocuteurs, son auditoire, ses concitoyens. Cela s’appelle l’art oratoire.

C’est nécessaire également, voire indispensable, pour expliquer les raisons d’une politique, les causes et les conséquences d’une décision.

C’est ce que ne manque pas de faire François Hollande à chaque fois qu’il s’exprime. C’est l’exercice auquel s’est livré avec succès Manuel Valls hier soir dans une émission télévisée.

Un responsable politique doit aussi savoir se taire. Ce genre d’exercice est plus difficile car la tentation est toujours forte d’occuper les médias, de prononcer la petite phrase qui sera reprise en boucle par les commentateurs.

C’est difficile mais cependant nécessaire si on ne veut pas affaiblir le camp auquel on appartient.

Or, malheureusement, nous connaissons régulièrement des « incartades verbales » qui desservent l’action collective parce qu’elles interviennent inopportunément, à un moment où il est primordial que la cohésion soit la priorité de toutes celles et de tous ceux qui défendent la même cause.

Ce genre de propos est parfois la conséquence d’une absence de sens politique. On peut être brillant dans un domaine, l’économie par exemple, et ne pas avoir pour autant la jugeote nécessaire pour imaginer les réactions de l’opinion publique à telle déclaration.

Lorsque cette situation est créée par un membre du gouvernement, il revient alors au « leader », en l’occurrence le Premier Ministre, de « recadrer » les choses.

Cela fut fait récemment.

Il est aussi dommageable à mes yeux lorsque ce genre de propos est tenu par des hommes ou des femmes qui prétendent soutenir l’action du gouvernement. Les frondeurs, par exemple, auront davantage travaillé contre les intérêts de la Gauche et donc contre eux-mêmes que de participer à la réussite du changement entrepris depuis 2012.

Alors que la France réduit ses inégalités, nous l’apprenions au début de la semaine, alors que le chômage des jeunes est en réduction pour le 3ème mois consécutif, alors que le régime des retraites redevient excédentaire après douze ans de déséquilibre, alors que les marges des entreprises sont reconstituées, la cohésion est plus que jamais indispensable.

Alors savoir parler, oui, bien sûr, pour expliquer et convaincre, mais aussi et surtout, savoir se taire pour éviter la « cacophonie » qui, en politique comme en musique, ne permet pas d’apprécier ce qui est écouté.