Un référendum n’efface pas une dette. Ce serait trop simple.
Ramenons
cela aux dépenses d’un ménage qui a contracté un emprunt pour réaliser
des travaux à son domicile. Le conseil de famille réuni décide de ne pas
rembourser la banque au prétexte que ce serait se priver de moyens pour
ledit ménage. Que se passerait-il ? Des poursuites judiciaires.
Pour
la Grèce, c’est la même chose : elle a emprunté pour assurer le
fonctionnement du pays. Ses créanciers, organismes internationaux ou
pays de l’Union, sont en droit de récupérer les sommes prêtées. Les
modalités de remboursement peuvent faire l’objet de discussions. C’est
le cas depuis quelques jours.
Pour le gouvernement grec, se retrancher derrière un référendum, c’est fuir ses responsabilités de gouvernant.
Le
peuple grec, consulté sous cette forme, sera tenté d’exprimer son refus
des obligations de rembourser. Ce n’est pas acceptable même si les
grecs ont tout à fait le droit de voter. Il n’empêche que la dette
demeurera.
D’ailleurs, je veux dire toutes mes réserves sur ce moyen d’expression qu’est le référendum.
En
apparence, c’est éminemment démocratique. En apparence, seulement, car
en réalité tout dépend de la rédaction de la question à laquelle on
répond par oui ou par non. Tout dépend également de la capacité du
citoyen d’apprécier en quelques jours les conséquences de son vote.
Même si la Grèce est l’un des pays fondateurs de la Démocratie, sous l’Antiquité, je doute que ce vote soit vraiment opportun.
En réalité, le gouvernement grec veut se voir plébiscité pour sa résistance aux exigences de remboursement.
Cela ne réglera pas les problèmes de fonctionnement institutionnel du pays.
La Grèce est dans l’Europe et même dans la zone euro. C’est une bonne chose, tant pour la Grèce que pour l’Europe.
Cependant on mesure une nouvelle fois à travers cette crise les faiblesses de cette Europe en matière d’institutions politiques.
Imagine-t-on
l’un des états des Etats-Unis ou l’un des länder allemands se comporter
comme la Grèce vis-à-vis de l’Union Européenne.
Non,
bien sûr, puisque les institutions fédérales américaines ou allemandes
confèrent à l’Etat fédéral des pouvoirs et des compétences dont ne
dispose pas encore l’Union Européenne.
Si
l’on veut éviter d’autres situations comparables à celle que nous
connaissons aujourd’hui, il devient urgent de mettre en place l’Europe
fédérale. C’est la leçon que les Etats membres devraient tirer de cette
crise.