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jeudi 21 mars 2024

Duperie

« Dix milliards de dépenses en moins, c’est une première étape » nous annonçait le Ministre de l’Economie, Bruno LEMAIRE, il y a une quinzaine de jours, entre deux livres publiés. A ce propos, il semblerait que cette boulimie de l’édition qui caractérise le Ministre ne convienne pas au Président de la République qui aurait invité les membres de son gouvernement à se consacrer en priorité à leurs responsabilités ministérielles.

Dix milliards de dépenses en moins annoncés trois mois et demi après l’adoption du budget par le Parlement oblige à s’interroger sur la capacité de l’Exécutif à gérer le Pays. 

C’est d’abord, et c’est devenu une pratique courante, faire peu de cas de la Représentation Nationale que constituent les Députés et les Sénateurs à qui on a proposé un budget insincère. 

Ensuite, si « gouverner, c’est prévoir » comme l’ont affirmé dans le passé différents hommes politiques, le gouvernement actuel ne semble pas s’être inspiré de cet adage lorsqu’il a proposé la Loi de Finances en cours d’exécution. Si le Ministre ne savait pas en décembre qu’il lui faudrait envisager une telle somme d’économies, il n’est pas à la hauteur de sa mission. Si, à l’inverse, il le savait pertinemment, ce qui est le plus vraisemblable, il a fait preuve de malhonnêteté en même temps que de mépris à l’égard des élus nationaux. Nous sommes malheureusement habitués à ce mode de gouvernance de la macronie.

Cette situation très préoccupante de nos finances publiques ne présente pas de perspectives d’amélioration. Ce sont 10 milliards aujourd’hui et on parle déjà de 20 milliards pour l’an prochain. Le déficit public que le Gouvernement avait prévu à 4,9 % est annoncé en hausse. La France paie là les conséquences du « quoi qu’il en coûte », ligne directrice fixée par le Président de la République pendant la crise sanitaire du Covid. Cette politique aurait été acceptable si elle avait été accompagnée de ressources nouvelles. Il n’en fut rien et l’imprévoyance ou le refus d’imposer davantage les revenus les plus élevés ont placé l’Etat devant d’énormes difficultés.

Il ne s’agit pas de lever des impôts pour le plaisir d’imposer. Il s’agit de mettre en œuvre des mesures de justice fiscale qui ne sont pas envisagées au prétexte d’un libéralisme effréné.

Cette politique est d’autant plus insupportable que l’on sait à l’avance sur qui vont peser les conséquences de ces mesures d’économie. Ce seront à nouveau les classes populaires et les classes moyennes qui vont devoir les supporter. Elles subissent déjà l’inflation qui pèse sur les biens de consommations et entraîne une baisse significative du pouvoir d’achat. Dans le même temps, l’augmentation des salaires ne compensent pas cette diminution des moyens. On sait d’avance que les grandes fortunes du pays ne seront pas affectées ni Kylian MBAPPÉ et son salaire mensuel de 6 millions d’euros comme on l’apprenait aujourd’hui. On peut aimer le football et les qualités techniques du sportif, cela n’empêche pas d’être choqué par une telle disproportion entre le SMIC ou le RSA et les émoluments versés au joueur du PSG. Dans ce domaine un peu d’éthique s’imposerait.

Au  début  de  son  premier  quinquennat, le  Chef  de  l’Etat  défendait  la « théorie du ruissellement ». Tout le monde profiterait des activités économiques productrices de richesses. En réalité, ce sont les détenteurs des plus gros revenus qui se sont enrichis davantage. En définitive, cela n’aura été qu’une duperie de plus.