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lundi 19 octobre 2020

Liberté d’expression

Il n’est pas aisé de commenter l’actualité politique quand elle est marquée, depuis vendredi dernier, par l’assassinat sauvage d’un professeur d’histoire.

L’émotion soulevée dans l’opinion par ce crime barbare nous a replongés dans une période relativement récente, celle que nous avons connue au moment des actes terroristes au siège de « Charlie Hebdo » ou au Bataclan en 2015. A chaque fois, c’est la même motivation qui a armé le bras des tueurs : le fanatisme religieux.

Cela a été dit et répété : s’en prendre aussi violemment à un enseignant, coupable aux yeux de ses agresseurs d’avoir exercé sa mission au service des enfants, constitue la plus intolérable des actions criminelles.

J’ai bien dit « ses agresseurs » car si l’auteur de l’agression mortelle est le premier d’entre eux, tous ceux qui se répandent sur les réseaux sociaux ou dans les discours prétendument religieux ont la véritable responsabilité du crime.

On le sait, l’incitation à la haine et à la violence constitue un délit répréhensible. La justice va faire son travail. En attendant, le Chef de l’Etat et son gouvernement doivent démontrer qu’ils sont en capacité, d’abord de rassurer nos concitoyens, ensuite de donner aux enseignants et à l’Education Nationale les garanties qu’ils pourront exercer leurs fonctions sans risques. 

Hier après-midi, partout en France, des dizaines de milliers de citoyens se sont rassemblés. A Paris, à Lille, où j’étais, dans d’autres villes, ils ont témoigné de leur détermination à défendre les valeurs de la République et, en particulier, celle de la liberté d’expression. Ces manifestations ont démontré qu’il demeure dans notre pays des potentialités pour agir collectivement. C’est très réconfortant en cette période où la pandémie du COVID perturbe, c’est le moins qu’on puisse dire, le bon fonctionnement de nos institutions républicaines.

La liberté d’expression a toujours été menacée. Elle est interdite dans certains pays. Elle est encadrée dans d’autres. La France se positionne régulièrement pour la défendre. Nous devons malheureusement faire face, depuis quelques années, à des courants de pensée, religieux généralement, qui la contestent. Certains, fanatisés, n’hésitent pas à tuer pour, pensent-ils, éradiquer ce droit fondamental.

Il est évident que c’est par l’école et ses serviteurs, les enseignants, que les plus jeunes de nos concitoyens acquerront l’esprit critique indispensable à la tolérance et à l’acceptation de l’autre. Aucune croyance religieuse ne peut prétendre imposer « sa loi ». Celles et ceux qui ont cette prétention se placent, d’eux-mêmes, en dehors de notre République.