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jeudi 17 septembre 2020

Economie et politique

L’annonce de la fermeture de l’entreprise Bridgestone, à Béthune, dans ma région, a provoqué l’angoisse, l’amertume, le désespoir, la colère. Ce sont les sentiments éprouvés devant une situation à l’origine de laquelle se trouvent le libéralisme et le mondialisme dans lesquels nous somme immergés.

C’est un lieu commun que de rappeler combien le Nord, le Pas-de-Calais, aujourd’hui les Hauts-de-France ont souffert des décisions économiques prises généralement ailleurs, depuis la Libération. A chaque fois, c’est le pouvoir économique qui impose sa volonté. Le pouvoir politique et démocratique ne peut pas ou ne veut pas changer ou influencer les choix des détenteurs du capital des entreprises.

A chaque fois, les élus, porteurs des attentes des citoyens, expriment leur indignation, veulent contribuer à la recherche d’une solution moins brutale que la fermeture et les licenciements. La plupart du temps, c’est en vain.

On ne dira jamais assez que le mode de fonctionnement du système économique, en France et dans le Monde, est contraire aux intérêts des salariés.

Depuis plus d’un siècle, ces derniers se battent avec leurs organisations syndicales pour obtenir et améliorer les droits sociaux. Cela a réussi, non sans mal, au fil du temps. Cela a réussi, parce que le pouvoir politique démocratique en place alors a créé le cadre juridique permettant ces avancées sociales.

Malheureusement, on n’a pas encore trouvé les modalités d’un contrôle du politique sur l’économique. Ce contrôle est rendu quasiment impossible par la mondialisation de l’économie, de ses règles et de ses pratiques. Dans le cas de Bridgestone, la décision de fermeture du site de Béthune a été prise au Japon.

On mesure aisément l’incapacité dans laquelle on se trouve d’obtenir une politique commune de tous les Etats industriels de la planète afin d’éviter des situations comparables à celle de Béthune.

L’égoïsme, celui des Etats eux-mêmes, celui des actionnaires des groupes industriels, celui de ceux qui font de la liberté de l’économie un dogme et une idéologie, interdit à ce jour un interventionnisme salutaire.

Il faut donc que dans chaque Etat, et pour ce qui nous concerne, l’Europe a un rôle déterminant, soient mises en place des politiques de protection des salariés plus efficaces et plus compensatoires. Cela a un coût pour la collectivité. Le pouvoir politique, s’il le veut, peut trouver les recettes nécessaires. Le Président de la République, son Gouvernement, sa majorité parlementaire n’ont pas montré depuis trois ans et demi que tel était leur objectif. Au contraire.

Les citoyens ne manqueront pas de traduire par leurs votes futurs leur volonté d’un changement de cap en la matière.