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jeudi 21 mai 2020

Un programme qui engage

L’année 2020 figurera assurément comme une période noire pour la Démocratie en France. Le déroulement des élections municipales, temps fort de notre vie collective locale, illustre parfaitement cette qualification. Au moment où j’écris ce blog, le Gouvernement n’a pas encore pris la décision qui lui revient, et à lui seul.

Que le Gouvernement s’entoure d’avis, celui du Conseil scientifique, celui des responsables des partis politiques, celui des élus, c’est une bonne chose. Qu’il prétende dégager sa responsabilité en sollicitant un vote du Parlement qui n’aura aucune valeur décisionnelle, c’est évidemment une contradiction flagrante avec le concept de responsabilité.

J’ai dit ce que j’en pensais lundi dernier. Des responsables politiques, des maires partagent mon analyse. D’autres souhaitent voir le second tour se dérouler avant l’été. Il n’empêche que le COVID-19 aura réussi à perturber sérieusement le bon fonctionnement de nos institutions.

Parmi les dispositions qui mettent à mal notre Démocratie, je ferai figurer également l’infantilisation des Français à laquelle s’est livré l’Exécutif. Les restrictions sévères de nos libertés fondamentales qui en ont découlé démontrent comment un pouvoir peut s’engager dans un processus qui porte atteinte à nos règles de droit.

Depuis quelques jours, les effets d’annonce de la part du Président de la République et des ministres occupent les médias.

Ce serait une réforme de notre système de santé évoquée par le Chef de l’Etat lors de sa visite à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, vendredi dernier, annonce relayée par le Ministre de la Santé. Ce serait le remboursement de la dette sociale reporté de neuf années alors que la CRDS devait arriver à son terme en 2024. Ce serait la création d’une branche dépendance au sein de notre système de protection sociale.

Déjà Nicolas SARKOZY puis François HOLLANDE ont eu l’ambition de créer cette branche. Ils n’y sont pas parvenus. Monsieur MACRON réussira-t-il là où ses deux prédécesseurs ont dû renoncer ? Sans faire de procès d’intention il faut attendre la concrétisation de cette annonce.

« Au pays des promesses, in meurt d’faim ». Inutile de traduire cette version en Ch’ti d’un adage explicite.

Il est vrai que cette annonce touche un public qui a particulièrement pâti de la période traversée, celui des séniors comme on dit pudiquement. Nombre d’entre eux ont perdu la vie. Ils ont été privés de visites dans les EHPAD. On a même envisagé de les empêcher de profiter du déconfinement. Il devenait urgent pour le macronisme de recrédibiliser son image vis-à-vis de cette catégorie de citoyens qui compte au moment d’une élection.

Souhaitons que l’on ne soit pas seulement en présence d’une tactique politicienne mais bien devant un programme qui ne doit pas engager ceux qui y croient mais ceux qui le présentent.