Assisterait-on
à une remise en question du grand principe de liberté qui figure dans notre
devise républicaine ? Cette question doit être posée quand on constate une
intervention méthodique et déterminée d’un service de police, la DGSI, pour
impressionner, inquiéter des journalistes qui remplissent leur mission, celle d’informer
les citoyens.
Notre
Démocratie, notre République trouvent leurs fondements dans le vote des
électeurs. Ceux-ci doivent être parfaitement informés de l’action, des projets
menés, en leur nom, par les responsables politiques.
Lorsque
ces mêmes responsables utilisent les moyens dont ils disposent, en l’occurrence
les services de renseignement, pour tenter de faire obstruction à l’information,
on ne peut qu’être inquiet.
C’est
cependant ce à quoi on assiste ces derniers jours, en France, à partir d’une
volonté politique, celle du Gouvernement et du Chef de l’Etat. Car une
administration, même celle chargé du renseignement, n’obéit qu’à sa hiérarchie,
elle-même émanation de l’Exécutif.
A
travers cette procédure d’interrogatoire d’une journaliste du journal Le Monde,
c’est l’affaire BENALLA que l’on voudrait enterrer, ou, en tout cas, retirer du
devant de l’actualité.
« Comparaison
n’est pas raison », certes. Ce contexte rappelle cependant le maccarthysme
aux Etats-Unis, au début des années 50. La « peur rouge », comme elle
fut dénommée, fut une véritable chasse aux sorcières pour réprimer ceux qui s’opposaient
et qui étaient soupçonnés d’être subversifs.
Nous
n’en sommes pas là en France, même si ce que nous observons ressemble fort aux prémices
de la situation vécue en Amérique, entre 1950 et 1954.
« Qu’ils
viennent me chercher » clamait Monsieur MACRON devant ses affidés en
juillet 2018. C’est ce que fait la presse en donnant de l’affaire BENALLA des
détails troublants.
S’il
ne s’agit que d’un voyou qui a réussi à s’infiltrer au plus haut niveau des
institutions, qu’il soit jugé pour ses actes et condamné s’il est coupable.
Si
ce personnage s’est livré à des opérations suspectes ou a entretenu des
relations équivoques, il importe de le savoir. On ne peut que féliciter les
médias quand ils investiguent et nous livrent ce qu’ils découvrent.
Le
pasteur Martin NIEMÖLLER a dénoncé la lâcheté des intellectuels allemands
devant la montée du nazisme : « Quand ils sont venus chercher les
juifs… je n’ai rien dit ».
Il
importe aujourd’hui, en France, que nombreux soient celles et ceux qui rappelleront
leur attachement indéfectible à la liberté d’expression, à la Liberté, tout
simplement.