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lundi 4 février 2019

Pas de loi anticasseurs


Quand on a le « nez dans le guidon », on ne voit pas le paysage. Cela arrive aussi au regard de l’actualité. Des faits davantage médiatisés que d’autres retiennent l’attention de l’opinion, font l’objet de commentaires, alors que, dans le même temps, des décisions prises menacent l’équilibre de nos institutions.

Prenons la loi dite « anticasseurs ». Les actes répétés de violence à l’occasion des manifestations hebdomadaires des « gilets jaunes » ont amené le Gouvernement à soutenir une proposition de loi de la droite sénatoriale.

C’est déjà un acte politique significatif, pour un gouvernement qui se prétend ni de droite ni de gauche, que de reprendre à son compte une proposition de la Droite. L’Exécutif et la majorité macroniste témoignent une nouvelle fois de leur orientation conservatrice.

Compte-tenu des origines politiques de l’auteur principal de la proposition, Monsieur RETAILLEAU, on ne peut pas être surpris de la dimension répressive que recouvre le dispositif suggéré. Il a commencé sa vie politique auprès de l’hyper-réactionnaire vendéen Philippe DE VILLIERS.

Même si le texte, voté par la Droite au Sénat, a été légèrement modifié par les Députés, il n’empêche que c’est une des libertés fondamentales de notre République qui est menacée, celle du droit à manifester.

Si la nouvelle législation entre en application, ce ne sera plus le Juge qui détiendra l’autorité d’entraver la liberté individuelle des citoyens, mais l’État et son Gouvernement, à travers ses préfets qui priveront certaines personnes du droit à manifester. Le tout sera assorti de la création d’un fichier des personnes ainsi visées.

Il y a déjà les lieux de rétention pour les étrangers en situation irrégulière. Nous aurons demain un fichage de citoyens dont le seul défaut aux yeux du pouvoir aura été d’envisager de le contester.

Mais où va-t-on dans la République jupitérienne qui, petit à petit, s’installe dans notre pays ?

Comme il en est coutumier, le Président de la République, son gouvernement, sa majorité établissent un écran de fumée pour masquer l’incapacité du pouvoir à mettre fin au mouvement social des « gilets jaunes ». L’Exécutif, par ce mauvais débat entend détourner l’attention des Français tout en prétendant rassurer les tenants de l’ordre et de l’autorité.

La défense des libertés individuelles et collectives doit redevenir la première préoccupation des Français. La Gauche doit se mobiliser pour ce combat.