Les députés macronistes ne seront-ils
pas accusés d’avoir été liberticides ? Ils courent ce risque en se
préparant à voter des dispositions qui relèvent de l’état d’urgence pour les
introduire dans notre droit commun.
On peut mettre cela sur le compte du
manque d’expérience ou d’une certaine méconnaissance des grands principes du
droit dans une Démocratie. Il n’empêche qu’en fixant, ainsi qu’ils s’y
préparent, des règles menaçant les libertés individuelles de tout un chacun ou nos
libertés collectives, ils s’inscrivent forcément dans une démarche d’atteinte à
la liberté.
Or, la liberté est un de ces principes
fondamentaux de notre République. Tous ceux qui en atténuent la portée sont
forcément à ranger dans la catégorie des liberticides.
Je ne suis d’ailleurs pas seul à crier
ainsi : attention ! De nombreuses voix s’élèvent depuis quelques
semaines, avocats, magistrats, juristes, responsables politiques de gauche
s’expriment pour souligner le danger que représente ce dispositif s’il devient
la règle générale.
Je ne suis pas naïf au point de
considérer que la menace permanente des actes terroristes qui pèse sur notre
société ne justifie pas un contrôle strict de certaines personnes. Hier encore,
c’était à Marseille et de trop nombreux morts sont à déplorer, conséquence
d’actes odieux et lâches !
Faut-il pour autant instaurer un
système permanent d’interventions policières qui ne seront pas contrôlées
rigoureusement par l’autorité judiciaire ?
Non, bien sûr. Toutes celles et tous
ceux qui sont attachés à notre système républicain et démocratique ne peuvent
pas accepter cette évolution au prétexte que le Gouvernement et le Président de
la République veulent montrer leur détermination à lutter contre le terrorisme.
D’autres moyens peuvent être mis en œuvre sans que cela passe par les
« coups de menton » du Ministre de l’Intérieur, ancien socialiste me
direz-vous. Quand on abandonne sa famille politique, cela rend suspect
l’attachement antérieur aux valeurs de cette famille.
François MITTERRAND, en 1976,
préfaçait un ouvrage intitulé : Liberté, libertés. Il s’agissait de
réflexions du Comité pour une charte des libertés animé par Robert BADINTER, à
la demande de François MITTERRAND. On y trouve cette formule toujours d’actualité :
« Sous prétexte de défendre la société par des moyens exceptionnels,
certaines lois introduisent l’arbitraire et l’insécurité, c’est à dire un
trouble plus important que celui qu’elles prétendent corriger ».
Mesdames, Messieurs les Députés
macronistes, ne soyez pas liberticides.