Depuis 52
ans maintenant, les Français élisent le Président de la République au suffrage
universel direct. C’est en 1965 en effet que cette modification
constitutionnelle fondamentale est entrée en application. Malheureusement, et
on en mesure aujourd’hui encore plus durement les conséquences, cette réforme
aura été incomplète : l’organisation de l’Exécutif n’a pas été adaptée à
cette situation nouvelle.
Les
électeurs attendent du Président qu’ils ont élu des actes politiques qui sont d’abord
dépendants du gouvernement, du Parlement, de notre appartenance à l’Union
Européenne et d’un environnement économique international dans lequel les
responsables politiques ont bien peu de capacités à intervenir. En découle
alors un hiatus plus ou moins important entre les promesses et les réalisations
qui produit, in fine, une déception, elle-même facteur de rejet.
C’est parce
qu’il a pris lucidement conscience de cet état de fait que François Hollande,
le 1er décembre dernier, a décidé de ne pas être candidat à sa
succession comme notre Constitution et un fonctionnement politique normal l’auraient
permis.
C’est
pourquoi je pense que parmi les réflexions qu’il faudra engager dans les mois à
venir, devra figurer la définition exacte de la fonction présidentielle et de
la relation entre l’Exécutif et le Législatif. Si on laisse les choses en
l’état, notre Démocratie, théoriquement parlementaire, risque de se déliter
davantage encore. Ce sont alors les extrêmes qui en profitent et notamment le
populisme qu’ils portent, parce que les arguments contre le
« système » sont entendus et entraînent les votes que les sondages
nous annoncent.
Le
fonctionnement d’une Démocratie est garanti par le pluralisme des courants de
pensée. Ces derniers s’expriment de différentes manières et chaque période
électorale voit apparaître des théoriciens de l’organisation de la Société. Ils
bâtissent généralement leurs thèses à partir d’un rejet de l’existant ou d’un
déni de l’Histoire et de la mémoire.
Le
mouvement sur lequel s’appuie le candidat Macron en est la bonne illustration
du moment. Au-delà de ses propositions sur lesquelles je reviendrai, comment ne
pas être choqué, outré même, par ce rapprochement insupportable auquel il s’est
livré entre la Gauche de 1981 qui a élu François Mitterrand et la Droite de
1934, cette Droite factieuse qui a tenté de renverser la République ?
Que des
Socialistes, et non des moindres, se préparent à voter pour ce
« pseudo-moderniste » me désespère.
Mais en
politique rien n’est jamais définitif. La raison, le sens des valeurs, la
fidélité à des idées peuvent encore permettre des changements de position.