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vendredi 31 mars 2017

Le sens des valeurs

Depuis 52 ans maintenant, les Français élisent le Président de la République au suffrage universel direct. C’est en 1965 en effet que cette modification constitutionnelle fondamentale est entrée en application. Malheureusement, et on en mesure aujourd’hui encore plus durement les conséquences, cette réforme aura été incomplète : l’organisation de l’Exécutif n’a pas été adaptée à cette situation nouvelle.

Les électeurs attendent du Président qu’ils ont élu des actes politiques qui sont d’abord dépendants du gouvernement, du Parlement, de notre appartenance à l’Union Européenne et d’un environnement économique international dans lequel les responsables politiques ont bien peu de capacités à intervenir. En découle alors un hiatus plus ou moins important entre les promesses et les réalisations qui produit, in fine, une déception, elle-même facteur de rejet.

C’est parce qu’il a pris lucidement conscience de cet état de fait que François Hollande, le 1er décembre dernier, a décidé de ne pas être candidat à sa succession comme notre Constitution et un fonctionnement politique normal l’auraient permis.

C’est pourquoi je pense que parmi les réflexions qu’il faudra engager dans les mois à venir, devra figurer la définition exacte de la fonction présidentielle et de la relation entre l’Exécutif et le Législatif. Si on laisse les choses en l’état, notre Démocratie, théoriquement parlementaire, risque de se déliter davantage encore. Ce sont alors les extrêmes qui en profitent et notamment le populisme qu’ils portent, parce que les arguments contre le « système » sont entendus et entraînent les votes que les sondages nous annoncent.

Le fonctionnement d’une Démocratie est garanti par le pluralisme des courants de pensée. Ces derniers s’expriment de différentes manières et chaque période électorale voit apparaître des théoriciens de l’organisation de la Société. Ils bâtissent généralement leurs thèses à partir d’un rejet de l’existant ou d’un déni de l’Histoire et de la mémoire.

Le mouvement sur lequel s’appuie le candidat Macron en est la bonne illustration du moment. Au-delà de ses propositions sur lesquelles je reviendrai, comment ne pas être choqué, outré même, par ce rapprochement insupportable auquel il s’est livré entre la Gauche de 1981 qui a élu François Mitterrand et la Droite de 1934, cette Droite factieuse qui a tenté de renverser la République ?

Que des Socialistes, et non des moindres, se préparent à voter pour ce « pseudo-moderniste » me désespère.

Mais en politique rien n’est jamais définitif. La raison, le sens des valeurs, la fidélité à des idées peuvent encore permettre des changements de position.