La colère
est mauvaise conseillère, nous dit le vieil adage.
Rares sont
aujourd’hui les catégories sociales qui n’ont pas de raisons d’être en colère. Ce
qui compte alors c’est d’abord d’analyser les causes de ces colères. Elles sont
bien connues : notre société est en crise. Les difficultés économiques ont
créé, depuis plusieurs années, un contexte social et culturel qui suscite une
grande insatisfaction. Cela mène parfois à des expressions de colère.
Aujourd’hui,
ce sont des policiers qui manifestent. Ils ont de bonnes raisons pour le faire,
ne seraient-ce que les agressions dont ils sont l’objet lorsqu’ils
interviennent pour assurer le maintien de l’ordre public menacé par le
terrorisme ou la délinquance.
Les moyens
supplémentaires considérables mis en œuvre depuis quatre ans sont jugés
insuffisants. Le budget 2017, en discussion actuellement à l’Assemblée
Nationale, en apportera encore.
Il est
vrai, faut-il le rappeler, qu’il fallait remédier à une situation déplorable,
conséquence d’une politique irresponsable : suppression de postes,
changement dans l’organisation avec la fin de la police de proximité pour ne
citer que ces deux exemples.
Mais là
encore, il convient d’intégrer dans l’analyse le temps nécessaire pour que les
changements engagés aient des conséquences. La formation indispensable d’un
policier pour qu’il exerce sa mission décale forcément de plusieurs mois son
intervention sur le terrain.
Les policiers,
en colère aujourd’hui, doivent prendre en compte la globalité du traitement du
problème posé. Depuis 2012, la sécurité a fait partie des priorités de la
politique menée par François Hollande.
Le métier
de policier est difficile, surtout si on privilégie la protection et l’assistance
aux personnes menacées dans leur vie et dans leurs biens. Il est plus pénible
encore depuis quelques mois, conséquence de l’état d’urgence.
Chacun d’entre
nous doit avoir cela présent à l’esprit.
Manifester est
un droit constitutionnel. Il y a cependant des règles de droit que les
policiers doivent être les premiers à respecter. Or, force est de constater que
ce n’est pas toujours le cas.
Si leurs
revendications sont légitimes, la manière de les exprimer, depuis quelques
jours, ne l’est pas. La République a des règles. Ceux qui s’en écartent
prennent le risque de la fragiliser.
Le Président
de la République va recevoir les organisations syndicales représentatives. Il est
temps de passer de la colère au respect de nos institutions.