Même si la
Commune de Paris du printemps 1871 est étroitement liée à notre histoire des
libertés, je trouve inadmissible que des manifestants se proclamant du
mouvement « Nuit debout » débaptisent la Place de la République à
Paris pour la dénommer « Place de la Commune ».
Des photos publiées
dans certains journaux montrent en effet cette action « spontanée ». On
ne s’en prend pas à la République, sous quelque forme que ce soit, quand on
revendique une expression citoyenne.
Ce geste,
anodin pour certains, traduit bien la réalité de ce mouvement. Ce sont des
hommes et des femmes, jeunes en majorité, qui se retrouvent pour crier ensemble
leurs aspirations. Ces dernières sont d’ailleurs confuses, de natures très
différentes et exprimées surtout sans une approche globale des problèmes à
résoudre. Chacun y va de son sujet de prédilection : sexisme, écologie,
salaires, générations, tout cela dans une complète incohérence.
Pour certains,
cette situation serait la conséquence de la faillite des partis politiques. Je ne
le crois pas, même si je n’ignore pas la diminution significative de l’audience
du Parti Socialiste ou le manque de crédibilité du principal parti de droite. Par
ailleurs, un parti bien organisé, le Front National, enregistre des résultats
importants dans les consultations électorales qui se succèdent.
Pour les
responsables politiques la priorité est donc de retrouver la confiance des
citoyens qui, notamment, dans un an, devront faire le choix de leurs
représentants.
Il faut
cesser de croire et de faire croire que ce sont les participants aux différents
rassemblements de « Nuit debout », dans une soixantaine de villes,
paraît-il, qui permettront à notre pays et à l’Europe d’affronter les grands
enjeux de l’avenir.
On l’aura
compris : je suis en complet désaccord avec la forme d’expression utilisée
par les manifestants nocturnes.
J’ai bien
conscience que cette opposition est la conséquence de mon appartenance à la
génération des aînés, comme on dit pudiquement. Elle résulte aussi de l’expérience
que j’ai tirée de ma participation à l’action politique pendant plusieurs
décennies. Elle découle enfin de l’attachement que je porte aux institutions de
la République.
Ces dernières
ne sont pas figées. Elles sont toujours perfectibles à condition que ce soit l’expression
d’une volonté politique formulée démocratiquement et non pas lors de forums
permanents dans lesquels le rôle prépondérant revient toujours à la minorité
agissante.
Plus que jamais, République
et Démocratie doivent être nos références.