Réagissez !

vendredi 22 janvier 2016

Emotion et réalisme

Etat d’urgence, déchéance de nationalité, deux sujets reliés l’un à l’autre depuis les attentats terroristes du 13 novembre dernier et qui pourtant traitent de problèmes complètement différents.

L’état d’urgence sera-t-il prolongé au-delà du 25 février ? la question est posée et j’y reviendrai.

La déchéance de nationalité a suscité dans le pays un débat qui a fait ressurgir l’attachement du grand principe de nationalité, en France : le droit du sol.

Ce débat s’est amplifié dans les jours qui ont suivi le discours du Président de la République devant le Congrès, à Versailles, le 16 novembre 2015.

Il faut se rappeler que dès les attentats commis, François Hollande a démontré sa capacité à gérer la situation de crise grave générée par les actes odieux qui venaient d’être commis. Le Conseil des Ministres se réunissait au milieu de la nuit et décidait de l’état d’urgence. Deux jours plus tard, les députés et les sénateurs réunis en congrès applaudissaient, debout et unanimement, le Président de la République et entonnaient la Marseillaise.

L’union nationale était au rendez-vous, l’émotion dans l’esprit de chaque Français. C’est ainsi, je crois, qu’il faut comprendre la déclaration d’intention figurant dans ce discours concernant la nationalité.

Le Conseil des Ministres confirmait, quelques jours plus tard, cette intention de faire figurer dans la Constitution, la possibilité de déchéance de nationalité pour les binationaux, auteurs d’un « crime constituant une atteinte grave à la vie de la Nation ».

Une partie de l’opinion prenait alors conscience des conséquences d’une telle mesure. Il devenait urgent de passer de l’émotion au réalisme.

Il est évident qu’un criminel auteur d’actes terroristes n’est pas un « criminel ordinaire ». Il est passible d’une condamnation qui figure dans notre droit pénal. Il doit cependant faire l’objet d’une sanction supplémentaire qui traduise la volonté de la collectivité nationale de combattre sans relâche et sans concession le terrorisme.

Le Parti Socialiste a fait entendre sa voix. Ses militants ont exprimé leur point de vue : le droit du sol doit être préservé.

C’est donc aux parlementaires, qui auront à voter la loi constitutionnelle en débat, qu’il appartient de trouver la formulation la mieux adaptée aux circonstances.

François Hollande a engagé une série de consultations avec les responsables politiques de droite et de gauche. C’est un bon moyen de mettre chacun devant ses responsabilités.

Si, en définitive, le droit du sol demeure inaliénable et si dans le même temps, les auteurs d’actes terroristes sont l’objet d’une condamnation spécifique, j’en serai satisfait.