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vendredi 26 septembre 2025

La rupture est à venir

Décidément, la dissolution de l’Assemblée Nationale, le 9 juin 2024, aura entraîné une succession de records : la durée inhabituelle de constitution des gouvernements, le temps très court d’exercice du pouvoir par ces gouvernements, les engagements non tenus par les différents premiers ministres qui se sont succédés, un refus de confiance par les deux tiers des députés.

Le nouveau chef du gouvernement nommé le 9 septembre dernier consulte à tour de bras après avoir annoncé dès sa prise de fonction son intention de « rupture sur le fond et sur la forme ».

Un tel objectif est apparu très difficile à atteindre, d’abord parce qu’il sera compliqué de trouver une majorité parlementaire pour soutenir les mesures qui rendraient crédible cette rupture. De plus, on imagine mal le Chef de l’Etat accepter qu’on remette en question les orientations libérales et d’injustice sociale qu’il a décidées depuis son élection en 2017 puis sa réélection en 2022. Il n’a pas tenu compte alors des attentes d’un corps électoral qui ne l’avait pas choisi au premier tour et qui a voulu battre l’extrême-droite présente au second tour.

Ce qui sortira de ces consultations demeure la grande inconnue. La composition même du Gouvernement quand elle sera annoncée sera un premier signe de rupture ou non. La Ministre de la Culture, déjà condamnée et qui fait l’objet de nouvelles poursuites judiciaires, n’a plus sa place dans un gouvernement qui veut rompre sur la forme. Celle du Ministre de l’Intérieur dont les prises de position sont celles défendues par l’extrême-droite ne devrait pas, non plus, être dans le « casting ».

La  rupture  sur  le  fond  est  encore  plus  difficile  à  afficher. On connaît les thèmes en débat, retraites, pouvoir d’achat, justice fiscale. Les Socialistes ont élaboré et proposent un contre-budget. Qu’en retiendra Sébastien LECORNU quand il présentera le budget soumis au débat parlementaire ? La question reste posée et les responsables du PS qui l’ont rencontré n’ont pas été convaincus que la rupture serait au rendez-vous.

L’évolution de la situation politique française est donc bien incertaine. Si plusieurs hypothèses sont envisageables, celle de la non-censure systématique demeure d’actualité tant que le Premier Ministre n’est pas sorti de son « silence assourdissant ». Il s’agira alors d’apprécier le degré de rupture envisagé. Les tergiversations, les propos contradictoires, les reniements des engagements manifestés par François BAYROU n’ont pas facilité l’établissement d’un compromis. « Chat échaudé craint l’eau froide » nous dit l’adage. La prudence est de mise et le Parti Socialiste, conscient de sa responsabilité, ne permettra pas pour autant que la rupture annoncée ne soit qu’une légère brisure.