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mardi 9 septembre 2025

Compromis obligatoire

« La messe est dite », c’est ainsi que le Premier Ministre aurait pu conclure son discours devant les députés, à partir de ses convictions religieuses. Mais fort heureusement, la République est laïque et les messes n’ont pas leur place. En sollicitant la confiance des députés, François BAYROU n’a apporté aucun élément que l’on ne sache déjà. Boris VALLAUD, s’exprimant au nom du groupe socialiste, a démontré que cette initiative de demander un vote de confiance était essentiellement pour le Premier Ministre un moyen d’organiser sa sortie. C’est médiocre et, nous le disions précédemment, l’hypocrisie dans sa meilleure expression. 

Solliciter la confiance, non pas sur un programme d’action politique mais pour reconnaître un constat de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la France traduit à la fois une forme d’incompétence politique en même temps qu’un déni de la réalité.

Le Premier Ministre a voulu mettre les Députés face à leurs responsabilités. En d’autres termes il demandait qu’une majorité lui fasse confiance sans que l’on sache précisément pour faire quoi. Exercice impossible si l’on se réfère à son comportement et à ses déclarations de ces dernières semaines. Pourquoi faudrait-il être responsable des fautes politiques, des errances, des décisions inconsidérées d’Emmanuel MACRON depuis 8 ans ? François BAYROU a raison de souhaiter l’unité du pays plutôt que sa division. Encore faudrait-il ne pas oublier que le premier responsable de la division est le Président de la République lui-même.

Le vote sans surprise a confirmé qu’une majorité de députés a refusé la confiance au Gouvernement et cela dans des proportions impressionnantes. Celui- ci est donc démissionnaire. C’est au Chef de l’Etat qu’il appartient de nommer un nouveau Premier Ministre. Les Socialistes par la voix du Premier Secrétaire Olivier FAURE ont annoncé leur disponibilité pour rechercher un compromis. Parce que les rapports de force à l’Assemblée Nationale sont ce qu’ils sont, parce qu’il n’y a pas de majorité même relative, parce que ni une nouvelle dissolution ni la démission du Président de la République ne contribueraient à clarifier la situation, ce compromis entre les forces politiques est une nécessité. Les Socialistes y sont prêts y compris avec un Premier Ministre issu de la Gauche.  

On mesure aisément la difficulté de l’exercice, son impossibilité. Le renversement du Gouvernement n’a pas changé la composition numérique de l’Assemblée. A ce jour, la Gauche ne peut compter que sur un peu plus de 120 députés. Les Insoumis qui n’appartiennent pas à la Gauche responsable comme l’extrême-droite ont d’ores et déjà annoncé leur opposition à une telle hypothèse. Ces deux extrêmes rassemblent près de 220 députés. Bruno RETAILLEAU, Ministre démissionnaire mais toujours leader de la Droite républicaine, ne soutiendra pas un Premier Ministre issu des rangs de la Gauche. Laurent WAUQUIEZ a dit le contraire. Il faudrait donc qu’au moins 170 représentants de la macronie telle qu’elle gouvernait aujourd’hui renoncent à ce qu’ils soutenaient depuis 2017. La balle est donc bien dans le camp d’Emmanuel MACRON. Souhaitons qu’il se mette, cette fois, à la hauteur de sa fonction