Difficile d’analyser et de commenter la politique du gouvernement depuis l’arrivée de François BAYROU à Matignon : il ne se passe rien ou presque. C’est l’application de la règle du « PDVMV », pas de vague mon vieux. En bon centriste qu’il revendique d’être, le Premier Ministre n’affiche pas d’orientation politique claire, change de stratégie régulièrement, tente de convaincre la Droite et la Gauche qu’il est l’homme du compromis alors qu’en réalité il est on ne peut plus libéral, réactionnaire et conservateur.
Les travaux parlementaires sont bien marqués par des débats factuels. La condamnation de Marine LE PEN aura été l’occasion pour certains, y compris le Premier Ministre lui-même, de montrer leurs réserves vis-à-vis de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs. Fort heureusement, la Gauche, et les Socialistes en particulier, est là pour rappeler quelques principes institutionnels fondamentaux. Il est dommage que les écologistes se soient laissés entraîner par MÉLENCHON dans sa stratégie d’agitation qui, elle, alimente assurément le climat d’inquiétude qui règne dans l’opinion.
Le Gouvernement, paralysé par la menace d’une censure qui pèsera pendant toute la législature, ne soumet au débat de l’Assemblée Nationale ou du Sénat aucun texte législatif. Il se contente d’apporter son soutien à quelques propositions de lois émanant des rangs de sa majorité…relative.
C’est ainsi que la majorité sénatoriale de droite a voté fin mars une proposition de loi visant à durcir la justice des mineurs. Ce texte, désormais soumis à une commission mixte paritaire de sénateurs et de députés, remet en question des mesures décidées en 1945, mesures qui s’appuyaient sur le principe fondamental d’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs. Que les familles subissent davantage les conséquences des délits et crimes commis par leurs enfants mineurs est une évidence. Cela ne doit pas créer pour autant des sanctions disproportionnées mettant des jeunes mineurs au ban de la société alors que tout doit être fait pour les réinsérer par des mesures éducatives.
Dans un autre domaine, celui de l’audiovisuel, le Gouvernement s’appuie sur une proposition de loi sénatoriale qui déboucherait sur un plus grand contrôle des radios et télévisions publiques. Pendant ce temps-là, BOLLORÉ et ses sbires continuent de désinformer en diffusant des programmes prétendument d’information. En réalité, ces radios et télévisions cautionnent les thèses de l’extrême-droite. Les commentaires de CNews sur la condamnation de LE PEN en sont l’illustration. Cette pratique encourage vraisemblablement le Gouvernement à agir de la même manière avec l’audiovisuel public.
Enfin, à moins d’un an des élections municipales, une proposition de loi parlementaire est discutée actuellement en vue de modifier la loi électorale de Paris-Lyon-Marseille. Le dispositif envisagé n’a d’autre objectif que de favoriser la macronie, et donc la droite, dans ces villes.
Or, une loi votée en 2019 a acté le principe de non-modification du droit électoral un an avant le scrutin. Si la loi est votée, le cadre juridique en vigueur ne serait pas respecté et l’éthique et la morale politique seraient bafouées.
A travers ces quelques illustrations, on constate que si le Gouvernement ne fait rien, il laisse faire. C’est tout aussi grave.