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jeudi 11 mars 2021

Dignité

C’est un mot qui, assurément, sera cité à de nombreuses reprises aujourd’hui, au Sénat. Il sera accolé à un autre qui, lui, peut être source de peur : mourir. La mort, si elle fait partie de notre vie pour en marquer l’aboutissement, fait peur à la plupart d’entre nous. Elle est d’autant plus crainte qu’elle peut intervenir à l’issue d’une période plus ou moins longue de souffrances ou d’inconscience définitive.

La Haute Assemblée va examiner une proposition de loi socialiste qui permettra à la législation de s’adapter aux évolutions de la société. Aujourd’hui, 90 % des Françaises et de Français (96 % selon l’Association pour la Droit de Mourir dans la Dignité – ADMD) sont favorables à ce nouveau droit dont nous pourrions disposer.

On entend d’ici les « moralistes » influencés par leurs croyances rappeler que notre vie ne nous appartient pas, que c’est Dieu qui nous l’a donnée. Sans tomber dans l’antithéisme, on ne peut que leur répondre que c’est un droit et non une obligation et que le recours à ce droit est laissé à notre libre arbitre ou à ceux de nos proches, les personnes de confiance, à qui nous avons délégué notre décision si nous ne sommes plus en mesure de la prendre nous-même.

L’ADMD a été créée en 1980. Quarante et un an plus tard elle est toujours en pointe pour défendre ce nouveau droit puisque, hormis les quelques timides avancées de la loi de 2016 autorisant, dans des cas très limités, la sédation profonde. Le problème demeure posé.

Ce  n’est  pas le moment selon le Gouvernement qui veut bien sûr éviter de se mettre à dos les « bien-pensants » que j’évoquais ci-dessus. Une nouvelle fois, l’Exécutif ne tient pas compte de l’attente de l’opinion. Il est  vrai  qu’en  2017 le  candidat  MACRON  déclarait prudemment qu’il ne se « précipiterait pas pour légiférer » sur ce sujet.

On mesure la différence dans l’exercice de la volonté politique : François HOLLANDE n’a pas hésité, en 2013, à faire voter une loi autorisant le mariage pour tous pour celles et ceux qui le voulaient. Cela avait suscité de violentes réactions et manifestations dans le pays. Monsieur MACRON recule devant la solution évidente pour résoudre un problème de société, celui de décider du moment de sa mort. Si le droit de naître et de vivre ne nous appartient pas puisqu’il relève de nos parents, celui de disparaître n’appartient qu’à chacun d’entre nous.

Pendant quelques temps encore, les défenseurs de cette liberté devront se battre pour la faire triompher. A l’initiative de l’ADMD, une pétition en ligne nous invite à nous joindre à celles et à ceux qui attendent du Pouvoir qu’il prenne ses responsabilités. Que chaque citoyen assume les siennes.