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lundi 22 février 2021

Un mauvais coup

La dernière trouvaille de la macronie pour tenter de sauver les meubles en 2022 est arrivée sous la forme d’un amendement du Gouvernement pour instaurer le vote par anticipation.

Si le rôle d’un responsable politique est d’anticiper et d’être visionnaire, le vote a lieu dans des conditions déterminées par les règles de l’Etat de droit et, démocratiquement, lorsque tous les éléments sont en possession des votants.

Il est d’abord choquant que le Gouvernement ait déposé cet amendement au Sénat alors que le texte avait été examiné et voté par la majorité à l’Assemblée Nationale. Une disposition de cette importance, modifiant significativement les modalités de l’expression démocratique des citoyens, devait être examinée lors du premier examen, dans l’assemblée saisie la première. Ce ne fut pas le cas ce qui démontre une nouvelle fois le peu de considération dont témoigne l’Exécutif à l’égard des représentants de la nation.

Nous connaissons le comportement jupitérien du Chef de l’Etat, le voilà partagé par les membres du Gouvernement.

Pour en rester sur la forme inacceptable de la procédure à laquelle a eu recours la Ministre, une telle disposition aurait justifié une large concertation, une réflexion approfondie et une expérimentation avant sa généralisation.

Reste le fond de la question : l’absentéisme des électeurs s’accroît de scrutin en scrutin. La crise sanitaire et les conditions « abracadabrantesques » de déroulement des dernières élections municipales n’ont rien arrangé. Il importe donc de mettre en œuvre rapidement des dispositions nouvelles, adaptées au monde d’aujourd’hui, pour faciliter et encourager l’expression démocratique des citoyens. 

Le vote par correspondance est le moyen le plus évident pour faciliter le vote des électeurs. Il est pratiqué dans d’autres pays. Une étude approfondie de cet usage éclairerait utilement les décideurs.

Il a facilité, dans certains cas, les fraudes. Là encore, ce n’est pas sans solution et le dispositif qui serait adopté peut être conçu pour interdire toute tricherie.

C’est dire que ce vote par anticipation imaginé par le pouvoir est davantage conçu pour le protéger et lui faciliter sa reconduction en 2022 que pour combattre l’absentéisme électoral.

Le Sénat s’y est opposé, Droite et Gauche démontant cette remise en cause de la Démocratie. Qu’en sera-t-il lorsque les Députés examineront le projet de loi en seconde lecture ? On relèvera avec intérêt les noms de celles et de ceux qui, approuvant la mesure, mettraient à mal le fonctionnement démocratique de nos institutions. Souhaitons qu’ils soient minoritaires.