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jeudi 8 octobre 2020

Prenons garde

Depuis le discours du Président de la République, vendredi dernier, aux Mureaux, dans les Yvelines, sur le séparatisme islamiste, on en sait un peu plus sur les intentions du Gouvernement. Celles-ci constitueront la base du projet de loi que le Conseil des Ministres du 9 décembre prochain devrait adopter avant de le soumettre au Parlement.

On remarquera déjà que le titre traduit une approche différente et plus large : « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains ». Cela convient beaucoup mieux à celles et ceux qui considèrent que l’Etat républicain et démocratique n’a pas à se préoccuper des religions.

Reste à connaître les mesures préconisées par l’Exécutif pour le renforcement annoncé. On voit bien qu’il s’agit de mettre fin à l’interférence de la religion dans la vie de certaines personnes, lesquelles se placent alors en dehors de la vie collective.

Je ne parle pas ici seulement de l’islam radical qui conduit au terrorisme mais, d’une manière plus générale, de la référence aux règles imposées par telle ou telle religion. Pour certains, ces règles exonéreraient du respect des lois de la République. C’est à cela qu’il faut mettre fin.

La liberté de penser, de croire ou de ne pas croire, de critiquer également est fondamentale. « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » nous a enseigné Voltaire, il y a trois siècles.

A une époque, la nôtre, où la liberté d’expression est mise à mal à travers le monde, aux Etats-Unis comme en Algérie, en Russie comme en Chine, il est indispensable de rappeler encore et sans cesse qu’elle demeure la clé de voûte de la Démocratie. Quand l’Elysée choisit « ses » journalistes, quand la couverture presse des manifestations pourrait être interdite à certains professionnels, la France, avec ses responsables actuels, devient aussi un pays à risque pour cette liberté d’expression.

C'est dire que « le renforcement des principes républicains » ne doit pas se limiter à l’encadrement de l’instruction à domicile, aux lieux d’enseignement de la langue arabe ou à la formation des imans. La loi devra aussi traiter de sujets que l’évolution de la Société pourrait remettre en question si on y prenait garde.