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lundi 26 octobre 2020

De Troie à Ankara

« La guerre de Troie n’aura pas lieu » écrivait Jean GIRAUDOUX en 1935, dénonçant par avance l’absurdité de la seconde guerre mondiale dont la menace pesait sur le Monde, et sur l’Europe en particulier.

Aujourd’hui, le Président turc appelle les musulmans du monde entier (ils sont 1,8 milliard) à se liguer contre la France au prétexte que notre pays est le pays de la laïcité. Serions-nous au bord d’un cataclysme international qui s’apparenterait à une guerre des religions ?

La défense de ce principe fondamental de notre République ne sera-t-elle donc jamais terminée ? Il faut en prendre son parti tant il est constamment remis en cause,  en France, bien sûr, mais ici et là à travers le monde.

Celles et ceux qui, comme moi, sont attachés à la Démocratie et à la Laïcité ne peuvent que tolérer les références religieuses de certains gouvernements étrangers. Cela ne signifie pas que l’on renonce à en dénoncer les risques qui en découlent. Cela n’interdit pas de critiquer l’existence des religions monothéistes.

Il convient de bien différencier la laïcité de l’athéisme voire de l’antithéisme. On peut être contre les religions et laïque, c'est-à-dire défenseur de la liberté de penser, de croire ou de ne pas croire.

Christianisme, islamisme, judaïsme, autant de religions monothéistes dont les pratiquants croient en l’existence d’un être suprême : Dieu. Chacune de ces religions a ses prédicateurs dont la mission est d’entretenir chez les croyants leur attachement à leur religion.

Etre laïque, c’est respecter ce droit de croire. C’est même le défendre. C’est aussi rappeler avec force que ceux qui ne croient pas méritent tout autant d’être respectés pour leur point de vue.

C’est ce qu’ont voulu les législateurs en 1882 en instaurant l’enseignement laïque ou en 1905 en décidant de la séparation des églises, c'est-à-dire des religions, et de l’Etat.

Depuis quelques jours, certains ministres ont engagé un mauvais procès à l’encontre de la Gauche. Celle-ci ne doit pas être complexée par son approche différenciée de la relation aux religions. De nombreux citoyens de gauche sont croyants. Cela n’interfère pas dans leur détermination à défendre nos institutions et les valeurs de la République.

La Gauche française, sans en revendiquer le monopole, a toujours défendu la Liberté dans tous ses aspects. On ne peut pas lui reprocher d’avoir failli.

La France, pays universellement reconnu comme la patrie des Droits de l’Homme, ne peut pas accepter sans réagir les commentaires irresponsables du Président turc. Le rappel de notre ambassadeur à Ankara est un acte politique qui mérite d’être salué. Il faut qu’il soit suivi d’autres mesures pour lesquelles la diplomatie a un rôle déterminant. 

Nous ne sommes plus en 1935, heureusement.