Quand on a le « nez dans le guidon », on ne voit pas le
paysage. Cela arrive aussi au regard de l’actualité. Des faits davantage
médiatisés que d’autres retiennent l’attention de l’opinion, font l’objet de
commentaires, alors que, dans le même temps, des décisions prises menacent
l’équilibre de nos institutions.
Prenons la loi dite « anticasseurs ». Les actes répétés
de violence à l’occasion des manifestations hebdomadaires des « gilets
jaunes » ont amené le Gouvernement à soutenir une proposition de loi de la
droite sénatoriale.
C’est déjà un acte politique significatif, pour un gouvernement qui
se prétend ni de droite ni de gauche, que de reprendre à son compte une
proposition de la Droite. L’Exécutif et la majorité macroniste témoignent une
nouvelle fois de leur orientation conservatrice.
Compte-tenu des origines politiques de l’auteur principal de la
proposition, Monsieur RETAILLEAU, on ne peut pas être surpris de la dimension
répressive que recouvre le dispositif suggéré. Il a commencé sa vie politique
auprès de l’hyper-réactionnaire vendéen Philippe DE VILLIERS.
Même si le texte, voté par la Droite au Sénat, a été légèrement
modifié par les Députés, il n’empêche que c’est une des libertés fondamentales
de notre République qui est menacée, celle du droit à manifester.
Si la nouvelle législation entre en application, ce ne sera plus le
Juge qui détiendra l’autorité d’entraver la liberté individuelle des citoyens,
mais l’État et son Gouvernement, à travers ses préfets qui priveront certaines
personnes du droit à manifester. Le tout sera assorti de la création d’un
fichier des personnes ainsi visées.
Il y a déjà les lieux de rétention pour les étrangers en situation
irrégulière. Nous aurons demain un fichage de citoyens dont le seul défaut aux
yeux du pouvoir aura été d’envisager de le contester.
Mais où va-t-on dans la République jupitérienne qui, petit à petit,
s’installe dans notre pays ?
Comme il en est coutumier, le Président de la République, son
gouvernement, sa majorité établissent un écran de fumée pour masquer
l’incapacité du pouvoir à mettre fin au mouvement social des « gilets
jaunes ». L’Exécutif, par ce mauvais débat entend détourner l’attention
des Français tout en prétendant rassurer les tenants de l’ordre et de
l’autorité.
La défense des libertés individuelles et collectives doit redevenir
la première préoccupation des Français. La Gauche doit se mobiliser pour ce
combat.