Nos concitoyens, engagés ou non dans le mouvement des « gilets
jaunes », considèrent qu’ils ne sont pas entendus par les responsables
politiques.
C’est un point de vue que je ne partage pas, mais le débat ne porte
pas essentiellement sur le rôle des élus et sur leurs relations avec leurs
électeurs. Cela viendra si le problème de nos institutions est posé.
Parmi les revendications du mouvement social que la France connaît
figure en bonne place le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune
(ISF), supprimé par la majorité parlementaire sur proposition du Gouvernement
et du Président de la République. D’anciens revendiquent la mise en œuvre du
référendum d’initiative citoyenne (RIC). Dans l’hypothèse de la création dans
notre droit de ce type d’organisation, il faudra du temps pour que cela soit.
Alors, soyons concrets.
La loi a créé le référendum d’initiative partagée (RIP). C’est
possible depuis le 1er janvier 2015, sous le quinquennat de François
HOLLANDE. Utilisons ce moyen pour faire entendre la voix du peuple si tant est
que ce peuple soit déterminé à se faire entendre.
Certes il y a des conditions lourdes et contraignantes qu’il faudra
peut-être adoucir. Rien n’empêche cependant d’en faire usage dès maintenant.
Cela commence par une demande portée par 185 parlementaires. Les
députés et les sénateurs socialistes, communistes et mélenchonistes ont signé.
Il manque un peu plus d’une vingtaine de signatures. Les citoyens qui
souhaitent véritablement que le peuple soit consulté doivent s’employer à
obtenir le soutien de leur député ou de leur sénateur s’il n’appartient pas à
l’un des groupes déjà engagés.
C’est possible, notamment auprès des macronistes, qui, pour
certains, n’ont pas approuvé spontanément la suppression de l’ISF en 2017. Ces
derniers ont sûrement entendu le Premier Ministre qu’ils soutiennent, hier
soir, sur France-Inter, dire qu’il n’était pas hostile à l’usage de ce RIP.
Si les signataires qui manquent se joignaient à la demande, on
mesurerait concrètement l’utilité de l’action des occupants des ronds-points à
influencer le déroulement de la vie politique française.
Viendrait ensuite le recueil de 10 % du corps électoral, soit
environ 4,7 millions de signatures en bas d’une pétition émanant de citoyens
souhaitant l’application de la loi en matière de RIP.
Toutes ces épreuves étant franchies, encore faudra-t-il que le
peuple, alors consulté, demande majoritairement le rétablissement de l’ISF.
On le voit, l’action peut se concrétiser. Encore faut-il vouloir
sortir de l’incantation.