Selon certains médias, le Président de la République aurait formulé
des critiques vis-à-vis de la Commission d’enquête parlementaire mise en place
au Sénat, au lendemain de la connaissance de ce qu’il est convenu d’appeler
l’affaire BENALLA.
J’emploie le conditionnel car je n’ai pas entendu directement la
conversation téléphonique, relatée par la presse, entre le Président de la
République et le Président du Sénat. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une
« fausse nouvelle ». Elle souligne une intervention inadmissible de
l’Exécutif dans l’action du législatif.
Il est vrai que le sort réservé à une Commission d’enquête
identique à l’Assemblée Nationale, au mois de Juillet, illustre l’interventionnisme
du Chef de l’État dans le fonctionnement du Parlement. On se souvient de la
manière dont les députés macronistes, sur injonction de Jupiter, ont mis fin
aux investigations de la Commission, en refusant certaines auditions.
Il convient de rappeler que ces commissions d’enquête, au Sénat
comme à l’Assemblée Nationale, ne se substituent pas à la Justice. Il ne s’agit
pas d’instruire une procédure judiciaire à l’encontre de Monsieur BENALLA ou de
fonctionnaires de police accusés de complaisance vis-à-vis du « Rambo »
élyséen. Il s’agit tout simplement de s’informer sur les conditions de
fonctionnement des services de protection des hautes personnalités et donc du
Président de la République.
De quoi a peur Monsieur MACRON pour demander au Président du Sénat
de freiner les investigations des Sénateurs.
On évoque souvent la nécessaire séparation des pouvoirs et
notamment l’indispensable indépendance de la Justice vis-à-vis des instances
politiques. Ce principe est aussi valable pour interdire l’interventionnisme
présidentiel dans le fonctionnement des assemblées parlementaires.
L’élection de Monsieur FERRAND comme Président de l’Assemblée
Nationale crée une situation qui pose question en matière de fonctionnement
institutionnel. On sait que ce personnage, soutenu dans sa candidature au
perchoir par l’Élysée en récompense de sa trahison vis-à-vis du Parti
Socialiste qui lui avait pourtant permis sa première élection, présidait le
groupe macroniste à l’A.N.
On sait que c’est lui, sur demande pressante de la Présidence de la
République, qui a fait « capoter » la Commission d’enquête décidée
par les Députés.
On connaît la procédure judiciaire engagée à son encontre pour des
faits réels marqués pour le moins d’un non-respect de l’éthique.
Alors, quand ce personnage, dans son discours de prise de fonction,
assure ses collègues de sa volonté de défendre l’Assemblée Nationale, on ne
peut que ressentir un réel scepticisme. C’est l’exercice de cette
responsabilité qui permettra de constater la qualité du fonctionnement de nos
institutions.