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lundi 10 octobre 2016

Référendum et Démocratie

L’un des candidats à la primaire de la Droite, ancien Président de la République, propose, entre autre, l’organisation d’un double référendum qui aurait lieu en même temps que les élections législatives de 2017.

Quand on est attaché à la Démocratie, on ne peut qu’être effrayé devant un tel projet.

D’abord, à titre personnel, je suis opposé au référendum. Non pas que je conteste aux citoyens leur capacité de s’exprimer, bien au contraire. Pour toute personne ayant envie de participer à la vie collective, il y a toute une série de moyens qui le permettent.

L’adhésion à un parti politique est le premier de ces moyens.

Si aucun de ceux qui existent ne convient, on peut créer une nouvelle organisation dont le but ne sera pas seulement de défendre un quartier, une école ou de s’opposer à un projet d’aménagement mais de proposer des réponses à toutes les questions nationales, internationales, économiques, sociales et culturelles qui constituent ce qu’on appelle simplement la « Politique ».

Je suis hostile au référendum parce que les personnes qui votent « oui » ou « non » ne répondent pas généralement à la question posée, voire aux questions quand il y en a plusieurs. Elles donnent d’abord une réponse à la personne qui la pose et cela correspond alors à un plébiscite.

La plupart des référendums que l’on a connus depuis 1958 illustrent cette démonstration. La démocratie directe ne renforce pas la Démocratie. Elle laisse une large place aux minorités agissantes. Les médias contemporains, les réseaux sociaux, renforcent encore ce travers compte tenu du rôle de plus en plus important qu’ils jouent dans la formation de l’opinion.

La démocratie représentative, celle qui permet de désigner ses élus (et tout le monde peut être candidat) apporte une plus grande sécurité dans le respect de la volonté majoritaire.

Ensuite, les thèmes retenus pour être soumis au vote des électeurs sont non seulement dangereux dans leurs conséquences s’ils étaient approuvés, mais contraires à notre Constitution. En effet, le recours au Référendum est strictement encadré, notamment par l’article 11. Interroger les Français de cette manière constituerait une violation de la loi fondamentale.

Que penser du jeu de cas que fait Monsieur Sarkozy de notre Constitution ? Il est membre de droit du Conseil Constitutionnel garant de l’application de nos règles fondamentales et il se permet d’en bafouer son dispositif.

On apparente parfois sa « doctrine » au bonapartisme. Nous préparerait-il un « coup d’Etat » ?

Enfin, les sujets envisagés, en cas de réponse positive, ouvrent les portes à des déviances dangereuses. La mise en détention préventive des personnes repérées par les services de police, et c’est leur mission, ne peut que rappeler des pratiques utilisées en d’autres temps. C’était à partir de 1933, en Allemagne puis ailleurs en Europe et même en France. Cela s’appelait des camps de concentration.

Si on est véritablement attaché à la Démocratie, le référendum ne doit pas permettre que l’on s’écarte ainsi de nos règles et de nos principes de référence.