L’un des
candidats à la primaire de la Droite, ancien Président de la République,
propose, entre autre, l’organisation d’un double référendum qui aurait lieu en
même temps que les élections législatives de 2017.
Quand on
est attaché à la Démocratie, on ne peut qu’être effrayé devant un tel projet.
D’abord, à
titre personnel, je suis opposé au référendum. Non pas que je conteste aux
citoyens leur capacité de s’exprimer, bien au contraire. Pour toute personne
ayant envie de participer à la vie collective, il y a toute une série de moyens
qui le permettent.
L’adhésion
à un parti politique est le premier de ces moyens.
Si aucun de
ceux qui existent ne convient, on peut créer une nouvelle organisation dont le
but ne sera pas seulement de défendre un quartier, une école ou de s’opposer à
un projet d’aménagement mais de proposer des réponses à toutes les questions
nationales, internationales, économiques, sociales et culturelles qui
constituent ce qu’on appelle simplement la « Politique ».
Je suis
hostile au référendum parce que les personnes qui votent « oui » ou « non »
ne répondent pas généralement à la question posée, voire aux questions quand il
y en a plusieurs. Elles donnent d’abord une réponse à la personne qui la pose
et cela correspond alors à un plébiscite.
La plupart
des référendums que l’on a connus depuis 1958 illustrent cette démonstration. La
démocratie directe ne renforce pas la Démocratie. Elle laisse
une large place aux minorités agissantes. Les médias contemporains, les réseaux
sociaux, renforcent encore ce travers compte tenu du rôle de plus en plus
important qu’ils jouent dans la formation de l’opinion.
La démocratie
représentative, celle qui permet de désigner ses élus (et tout le monde peut être
candidat) apporte une plus grande sécurité dans le respect de la volonté
majoritaire.
Ensuite,
les thèmes retenus pour être soumis au vote des électeurs sont non seulement
dangereux dans leurs conséquences s’ils étaient approuvés, mais contraires à
notre Constitution. En effet, le recours au Référendum est strictement encadré,
notamment par l’article 11. Interroger les Français de cette manière
constituerait une violation de la loi fondamentale.
Que penser
du jeu de cas que fait Monsieur Sarkozy de notre Constitution ? Il est
membre de droit du Conseil Constitutionnel garant de l’application de nos
règles fondamentales et il se permet d’en bafouer son dispositif.
On
apparente parfois sa « doctrine » au bonapartisme. Nous préparerait-il
un « coup d’Etat » ?
Enfin, les
sujets envisagés, en cas de réponse positive, ouvrent les portes à des
déviances dangereuses. La mise en détention préventive des personnes repérées
par les services de police, et c’est leur mission, ne peut que rappeler des
pratiques utilisées en d’autres temps. C’était à partir de 1933, en Allemagne puis
ailleurs en Europe et même en France. Cela s’appelait des camps de
concentration.
Si on est
véritablement attaché à la Démocratie, le référendum ne doit pas permettre que
l’on s’écarte ainsi de nos règles et de nos principes de référence.