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jeudi 20 mai 2021

Attention !

Lorsqu’un corps social manifeste pour exprimer ses revendications, la collectivité doit afficher sa solidarité si ces revendications sont légitimes. Hier, mercredi, des fonctionnaires de police avaient appelé au rassemblement devant l’Assemblée Nationale.

On peut comprendre l’émotion que suscitent les assassinats récents à Rambouillet et à Avignon. On peut comprendre l’exaspération des policiers qui affrontent régulièrement des situations de violence. Il appartient aux responsables politiques d’exprimer leur solidarité mais, surtout, d’afficher une volonté sans faille d’apporter des solutions aux problèmes posés.

On sait pertinemment que notre sécurité, dont la compétence appartient à l’Etat, passe par des moyens suffisants en effectifs et en matériel mais aussi par une formation des personnels concernés, formation qui doit intégrer les données nouvelles de la délinquance et de la criminalité.

On sait aussi que le mal doit être traité dans ses causes. La crise économique qui frappe depuis plusieurs décennies doit, bien entendu, être gérée par les gouvernements pour en diminuer l’importance. Elle doit aussi s’accompagner d’une politique sociale par laquelle l’éducation, le logement, la santé, l’emploi, les salaires apporteront des réponses aujourd’hui dramatiquement insuffisantes. Par voie de conséquence, les vols parfois avec violence, les trafics en tous genres deviennent la raison d’être de jeunes et de moins jeunes qui n’hésitent pas à s’en prendre aux représentants de la loi.

Or la loi est votée par les parlementaires dont certains d’entre eux ont cru de leur responsabilité de se trouver aux côtés des manifestants d’hier, oubliant que les réponses leur appartiennent. Leur présence a cautionné une des revendications contraire à nos règles fondamentales : la peine automatique pour les agresseurs de policiers. Plus grave encore, certains candidats à l’élection présidentielle qui deviendraient garant de l’indépendance de la Justice s’ils étaient élus, en font une proposition de leur programme.

Montesquieu et les philosophes du XVIIIe siècle nous ont démontré le bien-fondé de la séparation des pouvoirs entre le Législatif, l’Exécutif et le Judiciaire. Il n’est pas normal que des fonctionnaires, placés sous la responsabilité de l’Exécutif, s’en prennent à l’autorité judiciaire chargée d’appliquer la loi.

N’oublions pas qu’un syndicat de la police, le syndicat Alliance, ne cache pas sa proximité avec l’extrême-droite. Ne perdons pas de vue qu’un pourcentage important de policiers et de militaires votent pour l’extrême-droite. On parle de plus de 50 %. Le danger grandit et menace la garantie de nos libertés, de la Démocratie et de la République.

L’amalgame auquel nous avons assisté hier, devant l’Assemblée Nationale, doit inquiéter toutes celles et tous ceux qui sont attachés au bon fonctionnement de nos institutions.