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lundi 26 avril 2021

Les militaires et le pouvoir

L’Histoire de l’humanité nous apprend les nombreuses prises de pouvoir par des militaires, dans plusieurs pays du monde. De nos jours, les exemples sont encore trop fréquents où la dictature incarnée par un homme en uniforme a mis fin ou interdit la démocratie. La dernière illustration en date nous vient du Tchad où ce sont des militaires dirigés par un « général » de 37 ans, fils du président assassiné, qui s’installent au pouvoir pour préparer des élections prévues dans… 18 mois. Ils ont d’ailleurs été confortés dans cette « mission » par Monsieur MACRON lui-même, présent à N’Djaména pour les obsèques de Monsieur DEBY. C’est dire combien ce corps social, l’Armée, doit être tenu fermement par le pouvoir politique, démocratique, si l’on veut éviter ce type de dérives. Bien entendu, cela ne remet pas en question le droit de vote que les militaires ont depuis 1945.

Depuis le putsch des généraux à Alger, en 1961, on pouvait penser que la France était à l’abri de ce genre d’initiatives de la part de militaires. Une récente tribune, publiée dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, signée par une vingtaine de généraux, en retraite, certes, mais aussi par d’autres officiers, dénonce le « délitement » de la France. On connaît l’engagement à droite, voire à l’extrême droite, de cette publication. Des dirigeants seront jugés prochainement pour injure raciste à l’encontre d’une députée de Paris.

Nous ne sommes plus en 1940, lorsque le gouvernement d’alors dirigé par Pétain capitulait devant l’occupant nazi. L’appel du Général de Gaulle, le 18 juin de cette année-là, allait être le catalyseur d’une résistance qui durerait cinq ans.

Ces généraux contemporains se prendraient-ils pour les sauveurs dont la France aurait besoin en 2021 ? N’est pas de Gaulle qui veut et, surtout, en 1940, la Gauche et la Droite républicaines se retrouvaient unies pour défendre la République.

Cette prise de position publique est donc intolérable et cela frise le délit pénal. Le Gouvernement ferait bien d’y regarder de près. Le fait que l’extrême droite, par la voix de sa candidate à l’élection présidentielle, ait aussitôt réagi positivement à cet appel et invité ses signataires à la rejoindre montre à l’évidence le grave danger qui pèserait sur nos institutions en cas d’arrivée au pouvoir de ce courant de pensée politique.

Cette situation vient après un récent appel à l’insurrection formulé par le « Fou du Puy », le chouan de Villiers, dont le frère, quasiment « limogé » par le Chef de l’Etat en 2017, est invité par certains à se présenter à l’élection présidentielle de 2022.

Être militaire est une vocation, celle de servir et de défendre son pays. Cela implique une loyauté sans faille vis-à-vis des institutions démocratiques de la République. Même en retraite, un général appartient toujours à la « Grande Muette ». S’il veut s’engager en politique, il peut le faire, mais pas de manière sournoise comme c’est le cas avec cette tribune équivoque.