Vendredi soir, la France était enfin
rassurée : Jupiter avait rendu son verdict, le remaniement ministériel
était connu.
« Tout ça pour ça », ai-je lu dans un
quotidien. Le rédacteur de l’article avait grandement raison. Une nouvelle
fois, le Président de la République a témoigné du peu de cas qu’il fait de ce
que peuvent penser ses concitoyens.
Encore qu’il faille relativiser : l’avenir
de la France n’a jamais dépendu, fort heureusement, de la nomination de deux
nouveaux Secrétaires d’Etat et du changement de responsabilité pour deux
autres.
Du point de vue de l’usage républicain, on ne
peut qu’être choqué que le Ministre en charge des relations avec le Parlement
soit, en même temps, délégué général du parti macroniste.
On y verra l’aveu implicite que la fonction
partisane de Monsieur CASTANER est sans importance et que la direction de ce
parti « attrape-tout » est ailleurs, en l’occurrence à l’Elysée.
Il n’empêche que ce mélange des genres est
choquant. L’Assemblée Nationale et le Sénat ne sont pas uniquement composés de
représentants marcheurs. Il eut fallu un peu plus de considération pour
l’ensemble des Parlementaires. Mais, là aussi, Monsieur MACRON ne l’a pas
appris.
Dans ce même remaniement, un député, élu
socialiste, a trahi ses engagements : Olivier DUSSOPT.
Une trahison de plus, mais nous y sommes
habitués depuis quelques mois. « Paris vaut bien une messe » disait
Henri IV en reniant le protestantisme. Un portefeuille ministériel ou un mandat
parlementaire ont motivé quelques individus sans doute plus désireux de
prébendes que de respecter l’éthique politique.
Certains commentateurs ont qualifié cette
nomination au gouvernement de « prise de guerre » dans les rangs du
Parti Socialiste. Pour d’autres, ce serait « un coup dur porté aux
Socialistes ».
Ce n’est ni l’une ni l’autre. C’est un élément
de clarification qui concerne une personne.
La clarification est en effet la condition
première à remplir dans cette période de refondation que les Socialistes ont
engagée. Nous sommes socio-démocrates, c’est-à-dire militants d’un parti de
gouvernement qui entend participer à l’organisation de la société avec la
détermination de défendre la Démocratie et la République, la justice sociale et
le progrès, la solidarité. Nous sommes aussi conscients que la réalité qui nous
entoure, en France, en Europe et dans le Monde, justifie parfois des adaptions
du programme fixé.
Ce n’est rien, tant que les valeurs
fondamentales et le projet de société ne sont pas abandonnés.
C’est ce qui nous différencie de la gauche de
contestation dont il faut convaincre ceux qui la soutiennent de la vanité de
leur action.
Le débat est engagé, bien engagé même. Il
permettra à nos concitoyens, partisans de la gauche démocratique, d’y retrouver
des raisons d’espérer.