Réagissez !

lundi 18 novembre 2024

Ecouter le peuple

S’il est un sujet d’une grande importance qui devrait retenir l’attention des acteurs de la vie politique, c’est bien celui de la montée du populisme en France et dans de nombreux autres pays. Nous l’évoquions dans le billet du 7 novembre dernier. Nous y revenons à partir d’une enquête réalisée et publiée la semaine dernière par un organisme de sondage, l’IPSOS, enquête qui fait apparaître une inquiétante coupure entre le peuple et les élites. On observe en effet une insatisfaction grandissante dans l’opinion à l’égard des responsables politiques. Or, en Démocratie, ces derniers ont un rôle déterminant dans l’organisation de notre vie collective.

S’il n’y a pas, selon IPSOS, « une adhésion à un modèle alternatif de type populiste », il faut cependant être attentif aux comportements de plusieurs classes sociales qui engagent ou qui ont prévu d’engager des actions de contestation de la politique menée actuellement. Les agriculteurs, les fonctionnaires, les salariés licenciés de plusieurs grands groupes, tels Auchan ou Michelin, manifestent ces jours-ci cette insatisfaction.

La dissolution de l’Assemblée Nationale en juin dernier, loin d’apporter la clarification attendue par le Chef de l’Etat, est à l’origine d’une situation politique inédite. Aucune majorité, même composite ou pluraliste, n’est en capacité de conduire une politique gouvernementale qui répondrait à l’attente de nos concitoyens. Le « socle commun » constitué par la Droite républicaine de Messieurs BARNIER et WAUQUIER et la macronie ne cessent de marquer leurs différences, notamment à l’occasion du débat budgétaire. L’extrême-droite est en embuscade et fera payer cher sa réserve de censure. 

La Gauche du NFP n’est pas en capacité de gouverner, enfermée qu’elle est dans une impossibilité de recherche d’un compromis à la suite de la déclaration de Jean-Luc MÉLENCHON, le 7 juillet à 20 heures : « le programme, rien que le programme mais tout le programme ». Il est évident que désormais la Gauche n’a pas intérêt à gouverner tant qu’elle ne dispose pas d’une majorité cohérente à l’Assemblée Nationale. Sa responsabilité première, dans ce contexte, est d’élaborer un projet de société et des actions gouvernementales qui emporteront l’adhésion de l’opinion.

Cette opinion publique, les citoyennes et les citoyens qui ont voté, a dit non à la macronie et au Chef de l’Etat le 7 juillet dernier. Elle l’avait déjà dit le 9 juin pour les élections européennes. Le Président de la République n’a pas entendu le peuple. Il a tergiversé pendant plusieurs semaines avant de nommer Michel BARNIER Premier Ministre. Il s’est replié sur quelques manifestations internationales afin, sans doute, de faire oublier sa responsabilité première dans la situation catastrophique de nos finances publiques.

L’avenir politique est rempli d’incertitudes. La Gauche et le Parti Socialiste doivent, sans attendre, se mettre en situation de gouverner. Le Congrès du PS sera le temps fort de cette préparation. 

jeudi 14 novembre 2024

Justice et Politique

Lorsqu’un ou une responsable politique est accusé de détournement de fonds publics dans l’exercice de ses fonctions cela ne laisse pas indifférente une opinion publique toujours attentive aux comportements de ses élus. Cette attention est légitime et il convient de l’alimenter, sans parti pris, pour garantir la transparence qui doit être la règle dans la vie publique.

Le procès actuellement en cours et dont rendent compte les médias est celui de plusieurs élus du parti d’extrême-droite. Celle qui en demeure la référente officielle, Marine LE PEN, est directement concernée. S’il y a procès, c’est qu’il y a des accusés, et s’il y a des accusés, c’est que le motif de l’accusation est fondé et qu’il est recevable. La gravité des faits sera appréciée par la justice et des sanctions sont prévues par la loi.

Ainsi, des responsables de l’extrême-droite française ont donc commis un délit grave et condamnable, celui d’avoir utilisé de l’argent public pour un parti politique, en l’occurrence le Rassemblement National, en dehors des dispositions légales.

Cela n’est malheureusement pas la première fois que des acteurs de la vie publique sont pris la « main dans le sac ». La société n’a pas que des gens honnêtes en son sein. Il y a des voyous, des crapules, des personnes malhonnêtes. Ce fait existe forcément dans tous les groupes sociaux, y compris le monde politique. C’est pourquoi la loi est sévère à l’encontre des élus lorsque ceux-ci l’enfreignent. Rappelons d’ailleurs que c’est durant le quinquennat de François HOLLANDE que la législation en la matière a été durcie. L’inéligibilité peut être prononcée et ce avec effet immédiat.

Cette disposition réclamée par le Parquet dans son réquisitoire au procès évoqué ici suscite une très vive inquiétude dans les rangs de l’extrême-droite car elle empêcherait Marine LE PEN d’être candidate à la prochaine élection présidentielle. La réaction de l’intéressée est évidemment vive : ce serait un déni de démocratie. Ainsi, appliquer la loi votée démocratiquement serait contraire à la Démocratie. On a là une illustration de la conception qu’a l’extrême-droite du fonctionnement de nos institutions.

Le danger est grave : le Rassemblement National mobilise ses supporters pour prendre la Justice à partie. En vertu du principe fondamental de séparation des pouvoirs, l’autorité judiciaire prend ses décisions en toute indépendance. Si le justiciable estime ces décisions infondées, des recours peuvent être engagés.

Nous n’en sommes pas là car la condamnation, si condamnation il y a, ne sera prononcée que dans quelques semaines. Il est donc indispensable de conserver une nécessaire sérénité dans cette affaire.