jeudi 11 avril 2024

Enfin ?

Le droit de mourir dans la dignité est réclamé depuis longtemps par les progressistes. Il existe dans quelques pays, la Belgique ou la Suisse notamment. Depuis hier, la France s’est inscrite parmi ces pays. Il est beaucoup trop tôt pour dire « enfin ! ». En effet, il ne s’agit pour l’instant que de l’adoption d’un projet de loi par le gouvernement qui ouvre ce nouveau droit, cette nouvelle liberté. Il reste encore à franchir toutes les étapes de la procédure parlementaire. Députés et Sénateurs vont en débattre, amender le texte de l’Exécutif, voter, on l’espère, un dispositif qui permettra enfin de décider de sa vie et, plus précisément de sa fin. 

Cela va durer plusieurs mois et c’est nécessaire si l’on veut que cette liberté soit réellement perçue comme telle. On sait déjà qu’il faudra affronter les réactions de ces mouvements conservateurs qui se sont opposés, parfois violemment, à l’abolition de la peine de mort, à l’interruption volontaire de grossesse ou au mariage pour tous. Ils ont déjà commencé à faire entendre leurs voix réactionnaires dès hier. Ils s’abritent généralement derrière des principes religieux, parfois philosophiques.

Il faudra rappeler une nouvelle fois que, dans une République laïque comme la nôtre, ce ne sont pas les religions qui décident de l’organisation de la société. C’est le peuple, à travers ses représentants.

C’est une loi de liberté, il importe de le souligner. Cela permet à celles et ceux qui souhaitent une morte dite naturelle de ne pas recourir à ce droit. Qu’ils ne se mêlent donc pas d’interdire à nos concitoyens qui ont une autre opinion de se priver de cette possibilité qui les laissera libre d’en user ou non.

Le suicide n’est pas interdit par la loi. Dans de trop nombreux cas il est la conséquence d’une dégradation profonde des facultés psychologiques de l’individu qui « met fin à ses jours ». En amont de cet acte individuel, tout doit être mis en œuvre par la médecine, la famille, l’entourage pour l’éviter.

Avec le « Droit de mourir dans la dignité », on n’est pas dans ce cas de figure. Nous sommes toutes et tous appelés à disparaître. Cela commence le jour de notre naissance. La maladie incurable, l’accident peuvent provoquer une situation irréversible que déclarent les soignants eux-mêmes. Si la personne concernée a fait le choix, en pleine conscience, ou d’en avoir délégué le soin à une personne de confiance, la société n’a pas le droit d’empêcher l’accomplissement de cette volonté.

Contrairement à ce qui se dit déjà, il ne s’agit pas de légaliser l’eugénisme ni d’organiser une « extermination » de personnes dont les capacités physiques ou intellectuelles seraient considérées comme une charge pour la collectivité. Laissons ces théories aux nazis de la triste période 1933-1945 ou à ceux qui n’y voient qu’un détail de l’Histoire.

Il s’agit d’une liberté nouvelle dont il importe d’en préciser les formes de son exercice. Comme pour toute liberté, on peut en user à condition que cela ne porte pas atteinte à celle des autres. On n’a pas le droit de s’y opposer.