lundi 15 avril 2024

Défendre la Fonction publique

Le Président de la République et son Gouvernement ont un art consommé pour ouvrir des faux débats. Par ce moyen, ils réussissent à détourner l’attention de l’opinion sur d’autres sujets au détriment de la vigilance qu’il faut porter à l’action globale de l’Exécutif. Cette action est marquée par le libéralisme qui la caractérise d’abord. Cela entraîne des conséquences dont les bénéficiaires sont les plus privilégiés et donc une augmentation de l’injustice sociale.

Parmi ces faux débats créés par des annonces gouvernementales figure l’intention du Gouvernement de remettre en cause le statut de la Fonction publique. 

Rappelons d’abord que les fonctionnaires qui travaillent pour le compte de l’Etat, des collectivités territoriales ou des établissements publics de santé sont 5,7 millions. Leurs activités professionnelles sont exercées dans un cadre juridique défini par la loi et non par un contrat dont relève un salarié du secteur privé. Ce dispositif a toujours été considéré comme le meilleur moyen de protection de l’agent contre les éventuels abus de l’employeur public. Créé par la loi du 19 octobre 1946, le statut général des fonctionnaires aura permis depuis bientôt 80 ans de donner aux usagers des services publics pour lesquels la recherche du profit n’est pas la règle, des services indispensables à notre vie collective.

Derrière ce cadre juridique qui détermine la situation professionnelle des agents de l’Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux, cadre que tous les gouvernements de droite ont toujours voulu réformer pour l’assimiler au droit privé, se pose le problème de savoir quel service public nous voulons. Faut-il « abandonner » l’Ecole, les hôpitaux, la justice, la sécurité à des entreprises privées dont l’objectif premier sera de réaliser des bénéfices, de distribuer des dividendes aux actionnaires plutôt que d’assurer une mission d’intérêt général ?

Le récent scandale qui a éclaté dans les établissements accueillant des personnes âgées, établissements gérés par le groupe privé Orpéa, a fait apparaître les dysfonctionnements qui naissent lorsque l’autorité publique n’assure pas sa mission, celle d’être au service du public.

Le Gouvernement, par la voix du Ministre en charge de la Fonction publique, sans aucune concertation préalable avec les représentants syndicaux des fonctionnaires, a affiché son intention de remise en cause de certaines dispositions qui régissent la situation des agents publics. Pour la Droite macronienne ce sont des « privilèges » qu’il faudrait abolir. Plutôt que de s’employer à lutter contre les déserts médicaux, à donner à l’Ecole les moyens humains lui permettant d’assurer la formation des enfants et des adolescents, à garantir la sécurité pour tout un chacun, le pouvoir « balance » son projet.

Jusqu’où ira-t-il ? Les oppositions syndicales et politiques ne manqueront pas de s’exprimer. S’il s’agit bien d’une annonce destinée à détourner l’attention des véritables problèmes qui se posent, le sujet sera rapidement éclipsé. Si pour obtenir le soutien de la Droite et de l’extrême-droite, et tout est possible, l’intention devient réalité, il faudra démontrer à nos concitoyens ce qu’ils perdraient d’une telle initiative.