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jeudi 1 juillet 2021

L’abstention n’est pas une fatalité

Election après élection, on assiste, impuissant, à une augmentation significative du nombre d’électrices et d’électeurs qui ne participent pas au vote. Les raisons qui motivent ces abstentionnistes, ou plutôt qui les démotivent, sont bien connues. Cela rend plus facile la mise en œuvre de mesures qui corrigeront, à terme, ce phénomène qui paraît irréversible. Partant du principe qu’il n’y a pas de problème sans solution, il importe de s’employer rapidement à trouver les voies et moyens qui mettront fin à cette situation. Il y va de la défense de la Démocratie.

Hier, un quotidien national titrait ainsi hier un de ses articles : « La Macronie préoccupée par l’abstention ». C’est la moindre des choses. Le Président de l’Assemblée Nationale a mis en place une « mission d’information ». C’est une bonne initiative. Cela ne peut pas n’être qu’une information. Il faut que cela débouche sur des propositions législatives et réglementaires qui permettront le rétablissement d’un fonctionnement normal de nos institutions républicaines.

Le Premier Ministre, au lendemain du second tour qui a confirmé la faible participation au scrutin, considérait qu’il y avait là du « désintérêt » plus que de la « contestation ». On sait bien que l’intérêt des citoyens pour la chose publique est insuffisamment suscité par tous ceux qui pourraient le faire. Il est trop facile de condamner globalement la « classe politique » pour se donner bonne conscience et ne pas voter.

Des modifications profondes doivent donc être apportées à notre système électoral.

La première me semble être de rendre le vote obligatoire sous peine de sanction financière. Voter est un droit. Cela se défend. C’est aussi un devoir. Cela se respecte et s’exerce. Cette disposition devra s’accompagner de la comptabilisation, dans les suffrages exprimés, des votes « blancs », ces derniers permettant aux insatisfaits d’en témoigner. Ils donneront aussi une indication aux élus sur l’état de l’opinion et cela à travers un sondage en grandeur réelle, le vote.

L’information des électeurs ne peut pas être laissée aux lois du marché et résulter d’un appel d’offres. On a vu ce qu’il en a été pour ces dernières élections pour lesquelles beaucoup trop de circulaires électorales, communément appelées « professions de foi », n’ont pas été livrées à leurs destinataires. C’est à l’Etat d’en assurer la distribution. La mise en ligne de ces documents faciliterait leur accessibilité pour celles et ceux qui ont fait d’internet un usage courant.

A ce vote obligatoire, ajoutons la simplification de la procédure des procurations. C’est un véritable « parcours du combattant » qu’il faut aujourd’hui mener pour exercer son droit de vote à travers un mandataire. Le service des élections de chaque mairie est tout à fait capable d’assurer le contrôle nécessaire et indispensable de ces procurations. Le vote par correspondance, avec toutes les garanties de sincérité du vote à définir, donnerait un moyen complémentaire d’exercer son devoir de citoyen pour celles et ceux qui ne voudraient pas s’en remettre à un tiers.

L’évolution des technologies de communication permet désormais de réaliser des actes de toute nature dans sa vie quotidienne. Je ne les énumère pas tant ils sont de plus en plus nombreux. Les services publics nous encouragent d’ailleurs en permanence à y recourir. Le vote par internet qui existe déjà pour d’autres élections pourrait constituer un moyen moderne de participation à l’organisation de notre vie collective.

Enfin, toutes ces mesures seraient incomplètes si elles ne s’accompagnaient pas d’une préparation des enfants et des adolescents à devenir des citoyens. C’est dire que dans chaque école, collège, lycée, les programmes devront prévoir l’enseignement de nos institutions. Ce qui est fait à ce jour est insuffisant et le demeurera tant que le Ministre de l’Education Nationale ne fixera pas le cadre de cet enseignement.

Ces suggestions ne sont pas irréalistes. Elles contribueraient fortement à rétablir le rôle effectif et fondamental des citoyennes et des citoyens dans une démocratie digne de ce nom.